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Tribune. Dix ans déjà… Dix ans d’engagement pour un pays dévasté. Tout a commencé au moment où résonna l’envie de liberté des « printemps arabes », quand fut venu le tour de la Syrie. Mais l’envie de liberté s’est confrontée à une répression sanglante. Très rapidement les soignants syriens se sont mobilisés pour secourir les blessés, les civils victimes d’une révolte muée en guerre. Ils se sont alors retrouvés en première ligne d’une situation qu’ils n’avaient pas choisie.
Face à leur appel à l’aide, la diaspora des médecins syriens s’est mise en branle pour les soutenir, les aider à sauver des vies, là où le système de santé officiel les avait bannis. Nous, soignants français et franco-syriens, avons décidé d’agir à leurs côtés. Nous pensions que cela ne durerait que quelques mois. Nous avions tristement tort.
Dix ans plus tard, nous sommes encore là, en Syrie, à apporter une aide humanitaire et médicale aux populations victimes du conflit. Nous ne nous en réjouissons pas, nous le déplorons de toutes nos forces. Car ce conflit en Syrie, encore plus qu’une guerre, c’est dix ans de soignants tués et d’hôpitaux pris pour cibles. Ainsi, 923 soignants ont été tués depuis le début du conflit. Plus de 600 attaques aériennes ou bombardements ont ciblé délibérément des hôpitaux et structures médicales.
Des crimes contre l’humanité impunis à ce jour
Ils et elles soignent depuis dix ans sous les bombes. Qu’ils aient été tués, blessés, réfugiés ou déplacés, les soignants sont les héros et héroïnes de cette triste guerre. Ils s’efforcent de soigner malgré l’horreur. Depuis 2020, au fardeau de la guerre s’ajoute celui du Covid-19. Les soignants se retrouvent de nouveau en ligne de front, avec des moyens dérisoires contre une pandémie mondiale, que même les pays les plus riches peinent à endiguer.
Les attaques chimiques au chlore ou au gaz sarin sur les populations civiles, en totale violation des résolutions 2118, 2209 et 2235 votées par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la Convention internationale sur les armes chimiques, et des conventions de Genève sont une ultime abomination.
Depuis 2013, à la Ghouta, faisant près de 1 400 morts, ou encore en 2016, 2017 et 2018 à Alep, Khan Cheikhoun ou de nouveau à la Ghouta, on dénombre près de 200 attaques chimiques. Ce sont des crimes contre l’humanité restés impunis à ce jour et nous espérons que les plaintes récemment déposées en France pourront aboutir. Des crimes contre l’humanité que l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) et nos collègues secouristes et soignants sur le terrain nous ont aidés à documenter.
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