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Joop et Shahin, son ami iranien, ont un souvenir un peu flou de ce drôle de week-end de la fin janvier. Ils étaient là, expliquent-ils, « pour voir ». Peut-être un peu « pour s’amuser » aussi quand des opposants au couvre-feu décrété par le gouvernement de Mark Rutte ont affronté, comme un peu partout dans le pays, des policiers. Aujourd’hui, les deux garçons de Bois-le-Duc (’s Hertogenbosch), chef-lieu de la province du Brabant septentrional, en sont convaincus : cette poussée de fièvre n’aura servi à rien. « On doit toujours aller se coucher à 21 heures, les gens ne voteront pas autrement et on a juste dû dépenser beaucoup d’argent pour réparer les magasins », dit Joop. « Le plus débile, c’est que les gars ont aussi détruit Kees Kroket », ajoute Shahin, en montrant du doigt ce qui est, à son estime, la meilleure friterie de la province.
Dans la rue Hinthamer, l’artère commerçante, sur le Markt, la place centrale, les dégâts ne sont plus visibles. « On a sauvé l’essentiel, affirme très sérieusement un homme qui refuse de donner même son prénom. Je veux pas d’ennui. » Ce colosse, tee-shirt noir siglé Iron Maiden et lunettes fumées, est membre du FC Den Bosch, l’équipe de foot locale. Qu’elle soit actuellement menacée de relégation l’énerve un peu. Mais pas autant que les émeutes qui ont abouti au pillage du Zeeman local, un magasin à bas coût. « Piquer des Croc’s à 15 euros ? Pfff… »
Avec ses amis du M-Side, le « noyau dur », l’anonyme est donc sorti de chez lui lors des soirées de révolte pour « protéger [sa] ville ». « Les flics étaient contents qu’on les aide », affirme-t-il. Au commissariat central, on ne nie pas que la mobilisation des fans de foot a été « tolérée ». « On ne pouvait pas être partout », commente un officier.
Paisible « ceinture de la Bible »
Paradoxe de cette drôle de mobilisation qui a embrasé le royaume, une sorte de « révolte de l’ennui » comme l’a décrite un sociologue : dans d’autres villes, on a trouvé des hooligans parmi les casseurs. Ils côtoyaient des jeunes issus de quartiers difficiles et des quadras échauffés, des complotistes et des défenseurs des libertés, des bobos et des antivax. Une protestation « bizarrement éclectique », confirmait, dans De Standaard, Jelle van Buuren, spécialiste des mouvements rebelles à l’université de Leyde. Mais qui, en tout cas, a assuré sa notoriété à Viruswaarheid – Vérité sur le virus – l’une des composantes du mouvement : le 16 février, un tribunal de La Haye jugeait l’instauration du couvre-feu « abusive » et « profondément attentatoire » à la liberté de mouvement et à la vie privée.
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