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« Assad, la dynastie de l’horreur », sur LCP : dictateurs de père en fils

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Le clan Assad à Damas, le 4 juin 1974. De gauche à droite : Bassel, Bouchra, Hafez, Maher, Majd, Anisa et Bashar. Le clan Assad à Damas, le 4 juin 1974. De gauche à droite : Bassel, Bouchra, Hafez, Maher, Majd, Anisa et Bashar.

LCP – DU LUNDI 15 AU MERCREDI 17 MARS À 20 H 30 – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Faire le portrait de Bachar Al-Assad, ce n’est pas seulement essayer de cerner « la figure la plus énigmatique du Moyen-Orient », c’est raconter la saga de tout un clan, d’une dynastie. Bachar Al-Assad n’existe pas seul, il est le produit d’un groupe et d’une histoire qui ont débuté en 1970, date de la prise du pouvoir par le père fondateur, Hafez. Pour illustrer cela, trois documentaires ne sont pas de trop. Il est heureux que LCP diffuse, à l’occasion du dixième anniversaire de la révolution syrienne, le magistral portrait en trois parties fait par la BBC, qui date de 2018.

Le fil rouge qui court tout le long des trois films, de quarante-cinq minutes chacun, tient en une phrase : comment un jeune ophtalmologue timide et emprunté s’est transformé en dictateur le plus meurtrier de l’histoire récente du monde arabe. Ce faux paradoxe est à la fois l’histoire d’une famille et celle d’un pays. Dans la famille, Bachar est l’enfant du milieu, le mal-aimé, ou plutôt l’invisible, considéré loin derrière Bassel, l’héritier charismatique, l’enfant gâté programmé pour régner – mais foudroyé dans un accident de la route en 1994 –, derrière Maher, le petit dernier, le préféré de sa mère, brutal et turbulent, et même derrière Bouchra, la fille dans laquelle Hafez se reconnaissait.

Propulsé dans le rôle d’héritier du régime et des intérêts de son clan, Bachar Al-Assad n’a eu de cesse de montrer à sa mère, la terrible Anissa, la véritable mater familias, la légataire universelle du clan, qu’il était à la hauteur de son père, auquel il succédera en juin 2000. Mais Bachar n’est pas, contrairement à ses frères Bassel et Maher, un militaire dans l’âme, qui prend du plaisir à voir des soldats tuer des chiots et des soldates décapiter des serpents avec leurs dents pendant l’entraînement. Il n’est pas, contrairement à son père, un parrain à la Brando, sûr de son ascendant sur sa famille. Bachar est un garçon falot et maladroit qui veut être aimé, admiré.

Asma Al-Akhras « l’atout cœur »

Ce mélange de férocité et d’ingénuité a donné l’un des dictateurs les plus incongrus de l’histoire, un homme au regard fuyant et à la cruauté sans limite, un médecin qui explique qu’il faut éliminer les « germes » de la société syrienne et qui a recours aux armes chimiques contre son propre peuple, un chef de l’Etat qui pense qu’il suffit de dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre pour devenir un maître de la diplomatie.

L’un des intérêts de la série de la BBC, qui s’appuie sur un travail d’archives remarquable – il faut voir Hafez jauger son fils Bachar en train de prononcer péniblement l’éloge funèbre de Bassel dans une plaine venteuse –, tient à l’importance accordée aux personnages féminins. La terrible Anissa, bien sûr, la redoutable Bouchra et son mari Assef Chawkat, tué dans un attentat suspect attribué à la rébellion, et surtout la sémillante Asma Al-Akhras, l’épouse du président. Née au Royaume-Uni, jolie, moderne, diplômée, elle est « l’atout cœur » de Bachar Al-Assad. Mais elle a peiné à s’imposer dans une famille qui lui reprochait son origine sunnite et ses manières d’Occidentale.

Le couple présidentiel s’est imposé à partir de 2007, une fois que Bachar a surmonté sans trop de dommages l’assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005. Il restait un dernier test pour devenir digne de son père, celui de la contestation intérieure. On ne le croyait pas capable de faire tuer 20 000 personnes comme son père l’avait fait à Hama pour mater un soulèvement des Frères musulmans. Depuis 2011, ce sont plus de 500 000 Syriens qui ont été tués dans la répression de leur soulèvement. La principale différence avec son père, c’est qu’il n’a plus de pays.

Assad, la dynastie de l’horreur, de Nick Green (RU, 2018, 3 x 50 min). Trois parties, diffusées lundi, mardi et mercredi à 20 h 30. lcp.fr

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