https://img.lemde.fr/2021/03/12/346/4/5869/2932/1440/720/60/0/65a3204_871817373-sulaf-portrait.JPG
FactuelIls ont fui la violence d’une décennie de guerre civile, il y a sept, cinq ou trois ans. Ces réfugiés ont choisi la France pour tenter de vivre loin des ruines de leur pays, mais toujours dans l’inquiétude concernant la situation en Syrie.
Ali est épuisé quand il se présente devant l’agent de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), à Paris, le 30 octobre 2015. A 34 ans, il a traversé sept pays et une mer depuis son départ de Syrie, un mois auparavant. Avec son épouse, ils ont fui près de cinq années d’une guerre civile qui a tout emporté : la « douceur du vivre-ensemble syrien », les droits humains, les habitations, toute activité sociale et, surtout, des centaines de milliers de vies.
Alors, quand il se souvient de la question posée par l’agent français : « Pourquoi avoir attendu cinq ans avant de partir ? », il s’emporte, mû par le même sentiment de révolte qui l’a poussé à descendre dans les rues de Hama, sa ville natale, au printemps 2011. « Je ne suis parti que quand il n’y avait plus rien à faire pour la Syrie », s’anime-t-il.
Depuis les premiers rassemblements contre le pouvoir de Bachar Al-Assad, près de douze millions de Syriens, comme Ali et sa famille, ont été déplacés par la guerre, selon Amnesty International. Parmi eux, plus de dix mille personnes ont obtenu le statut de réfugiés en France. Une terre d’accueil qui les a sauvés, mais qui ne pourra jamais vraiment remplacer leur pays.
A son arrivée à Paris, il a fallu quelque temps à Ali pour s’habituer au calme d’une vie sans guerre. Avec sa femme et leur fille, ils occupent depuis cinq ans un studio d’une vingtaine de mètres carrés au pied de la tour Eiffel. Un espace à peine plus grand que la chambre sans électricité qu’il occupait lorsqu’il était étudiant en théâtre, à Damas – aujourd’hui, Ali est employé dans un supermarché. Dans le studio parisien, un canapé-lit est collé contre un mur, en face d’une imposante télévision et sous une fuite d’eau qui perle au plafond. Le lit à barreaux est calé entre deux meubles et l’appartement pourrait craquer tant il est empli d’objets, dont des jouets d’enfant. « Ici aussi, on est coincés », regrette le père de famille.
Ils n’avaient jamais rêvé de vivre en Europe. C’est cette guerre qui les y a contraints. Alors, leur objectif est de travailler pour envoyer de l’argent à leurs proches restés sur place. « Si on ne le fait pas, on ne mérite pas la révolution », tranche Ali, gesticulant comme s’il donnait une représentation théâtrale de sa propre vie. Ses cheveux frisés voilent son regard quand il s’agite, et son épaisse barbe rousse dissimule un visage pâle, marqué par les nuits d’inquiétude.
Il vous reste 72.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Dix ans après le début de la révolution, la lente reconstruction des réfugiés syriens en France est apparu en premier sur zimo news.