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L’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée depuis cinq ans, au cœur d’un nouveau procès à Téhéran

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Richard Ratcliffe, époux de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, et leur fille Gabriella protestent devant l’ambassade d’Iran à Londres, en Grande-Bretagne, le 8 mars 2021. Richard Ratcliffe, époux de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, et leur fille Gabriella protestent devant l’ambassade d’Iran à Londres, en Grande-Bretagne, le 8 mars 2021.

L’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, au cœur de vives tensions entre Londres et la République islamique, a comparu, dimanche 14 mars à Téhéran, dans un nouveau procès dont elle attend désormais le verdict, quelques jours après avoir fini de purger une peine de cinq ans de prison.

Mme Zaghari-Ratcliffe « doit être autorisée à rentrer dans sa famille au Royaume-Uni sans délai », a réagi le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab, qualifiant d’« inacceptable » ce nouveau procès, selon lui, « totalement arbitraire ».

Délibéré d’ici le 30 mars

Agée de 42 ans, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, est poursuivie pour « propagande contre le système [politique de la République islamique], pour avoir participé à un rassemblement devant l’ambassade d’Iran à Londres en 2009 », a fait savoir son avocat, Hojjat Kermani. L’audience de dimanche s’est déroulée « dans une ambiance très calme et très bonne, en présence de ma cliente, devant la 15e chambre du Tribunal révolutionnaire de Téhéran », a déclaré Me Kermani à l’AFP. Il s’agit de la reprise d’une seconde procédure judiciaire entamée en octobre 2017 et ajournée en novembre 2020.

Me Kermani a déclaré avoir plaidé et que le jugement avait été mis en délibéré. Conformément à la loi, le tribunal a sept jours ouvrés pour faire connaître sa décision. Compte tenu de nombreux jours fériés à venir autour du Nouvel An iranien (le 21 mars), cela laisse théoriquement au tribunal jusqu’au 30 mars pour faire connaître sa décision, mais le dépassement des délais est fréquent dans le système judiciaire iranien.

Craintes de placement en « détention illimitée »

Selon son comité de soutien, la quadragénaire a été autorisée à faire une déclaration à l’audience. Elle « a dit clairement qu’elle n’acceptait pas les charges [retenues contre elle] et a fait remarquer que toutes les accusations et preuves présentées [par le ministère public] l’avaient déjà été lors de son procès en 2016 », et qu’elle avait « déjà été jugée et condamnée » pour ces chefs d’accusation, écrit la campagne Free Nazanin (« Libérez Nazanin ») dans un communiqué.

« Compte tenu des éléments présentés par la défense (…) et du fait que ma cliente a également purgé sa peine précédente, j’espère qu’elle sera acquittée », a déclaré Me Kermani. Mais le comité de soutien se montre moins optimiste, jugeant que « l’avenir de Nazanin reste incertain et qu’elle est, en réalité, en détention illimitée ».

Chef de projet pour la Fondation Thomson Reuters, branche philanthropique de l’agence de presse du même nom, Mme Zaghari-Ratcliffe a été arrêtée en 2016 à l’aéroport de Téhéran après une visite à sa famille. Accusée d’avoir comploté pour renverser la République islamique, ce qu’elle nie farouchement, cette binationale a été condamnée à cinq ans d’emprisonnement. D’espoirs de libération en déconvenues, elle a été contrainte de purger sa peine jusqu’au bout.

Jeu politique

Assignée à résidence chez ses parents à Téhéran après avoir été autorisée à sortir de prison en raison de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, elle ne porte plus de bracelet électronique depuis le 7 mars. Son passeport lui ayant été confisqué, il lui est, néanmoins, interdit de quitter l’Iran jusqu’à nouvel ordre.

« Le calvaire de cinq ans de Nazanin Zaghari-Ratcliffe aurait dû s’achever la semaine dernière », écrit la Fondation Thomson Reuters dans un communiqué. « Au lieu de cela, ce nouveau procès et ce nouveau report dans le dénouement [de ses démêlés avec la justice iranienne] sont une manœuvre délibérée pour prolonger son épreuve et ses souffrances », ajoute la Fondation, pour qui la quadragénaire, mère d’une fillette de six ans, « est la victime innocente d’un conflit politique ».

Pour son époux, Mme Zaghari-Ratcliffe est l’« otage » d’un sinistre jeu politique portant sur une vieille dette contractée par le Royaume-Uni dans le cadre d’un contrat d’armement avec l’Iran d’avant la révolution islamique de 1979, et jamais honoré par Londres.

Vendredi, l’ONG britannique Redress a jugé dans un rapport que Mme Zaghari-Ratcliffe souffrait d’un stress post-traumatique grave après avoir subi des « mauvais traitements » et qu’elle devait donc être reconnue par Londres comme « victime de torture ». Les autorités iraniennes ont toujours nié qu’elle ait été maltraitée.

Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, a toujours refusé au Royaume-Uni un accès consulaire à Mme Zaghari-Ratcliffe pendant qu’elle était en prison et rejette les appels de Londres à sa libération comme des ingérences dans ses affaires intérieures.

Le Monde avec AFP

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