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« Le traité de 1794 entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis visait, comme le Brexit, à régler les relations entre deux territoires anciennement intégrés »

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Tribune. Le 23 juin 2016, les électeurs du Royaume-Uni se prononçaient par référendum en faveur d’un retrait de l’Union européenne. A la veille de Noël 2020, après quatre ans et demi de négociations, un accord de commerce et de coopération définissant les termes de ce retrait a finalement été trouvé.

Les questions soulevées lors des discussions sur les termes du Brexit comportent d’étonnantes similitudes avec les débats qui animèrent les négociations commerciales entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis après que ces derniers eurent conquis leur indépendance en 1783.

Le rappel de ces événements et leur mise en parallèle semblent un bon moyen, s’il en est, d’illustrer comment l’histoire se rappelle au présent, mais aussi comment elle met en garde sur le futur.

Un traité de libre-échange

Le traité de Paris, signé le 3 septembre 1783, marqua la reconnaissance de l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique par la Grande-Bretagne. Sur un plan commercial, la politique britannique à l’égard de ses treize anciennes colonies fut d’abord conciliante. Elle changea brutalement à partir de juin 1784, lorsque Charles Jenkinson (1727-1808), plus connu comme le premier comte de Liverpool, la prit en charge en tant que président du Board of Trade (Commission du commerce, équivalent d’un ministère du commerce).

La décennie suivante vit les tensions politiques et commerciales s’exacerber entre les deux pays. Afin d’éviter un conflit armé avec son ancienne puissance coloniale, George Washington décida en 1794 d’envoyer à Londres John Jay, le président de la Cour suprême, afin d’y négocier un « traité d’amitié, de commerce et de navigation ». Comme les négociations sur le Brexit, le traité de Londres, signé le 19 novembre 1794, visait à régler certaines questions, notamment commerciales, entre deux territoires anciennement intégrés économiquement.

Une caractéristique essentielle du traité de Londres était d’être fondamentalement un traité de libre-échange. John Jay, de même que William Wyndham Grenville, le ministre des affaires étrangères britannique avec lequel Jay négociait, étaient tous deux favorables à la liberté du commerce. Ils s’accordèrent mutuellement pour appliquer aux marchandises de la partie adverse la clause de la nation la plus favorisée, clause par laquelle chacun des pays s’engage à appliquer aux marchandises de l’autre les conditions les meilleures accordées à un pays tiers.

La seule véritable entorse à la liberté des échanges concernait le commerce avec les Antilles qui resta inaccessible aux bateaux américains excédant 70 tonnes. L’accord du 23 décembre 2020 entre Londres et Bruxelles est également un accord de libre-échange qui respecte les règles généralement préconisées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en particulier la clause de la nation la plus favorisée.

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