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Publié le : 13/03/2021 – 07:11
C’est l’acteur et réalisateur Albert Dupontel qui a dominé la prestigieuse cérémonie française des César vendredi avec sept récompenses dont le meilleur film pour « Adieu les Cons ». La soirée a, en outre, été marquée par des cris de détresse du secteur culturel et la volonté de célébrer la diversité.
Les César ont récompensé l’absurdité et l’humour grinçant d’Albert Dupontel, lors de la 46e cérémonie des César. Le roi de l’humour français a décroché pour la première fois à 57 ans sept trophées au total : pour le « meilleur film », « Adieu les Cons », meilleur réalisateur, meilleur second rôle masculin (Nicolas Marié) et a été le choix des lycéens alors que l’acteur et réalisateur a, lui, brillé par son absence vendredi soir à l’Olympia.
Les grands déçus
Le grand déçu de la soirée sera probablement Emmanuel Mouret, qui partait favori avec 13 nominations pour « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait » et repart bredouille, tout comme François Ozon (« Eté 85 »), habitué à être nommé et… à repartir les mains vides.
Côté interprètes, Laure Calamy a été récompensée pour « Antoinette dans les Cévennes » et son personnage de randonneuse débutante, accompagnée d’un âne, qui a enchanté les foules entre les deux confinements.
Sami Bouajila, lui, a remporté le César du meilleur acteur pour « Un fils », de Mehdi Barsaoui, où il joue le rôle d’un père déchiré. « J’ai souvent l’impression que les rôles nous choisissent, plus qu’on les choisit », a-t-il déclaré en recevant son prix, expliquant comment le tournage dans le désert tunisien lui avait rappelé les récits d’enfance de son propre père.
Accusation d’entre soi
Il succède à Roschdy Zem, couronné l’an dernier. Président cette année d’une cérémonie très attendue sur les questions de diversité, ce dernier avait ouvert les festivités en soulignant que « le métier change ». « Les règles du jeu changent, non pas pour que le jeu s’arrête, mais pour jouer à égalité cette fois », avait-il déclaré.
Les premières récompenses ont d’ailleurs d’emblée marqué un changement d’ère avec Jean-Pascal Zadi et Fathia Youssouf, deux acteurs noirs, sacrés meilleurs espoirs.
Le premier, meilleur espoir masculin, est l’auteur, réalisateur (avec John Wax) et acteur principal de « Tout simplement noir », une comédie qui s’attaque aux clichés racistes. Cet ovni cinématographique qui, selon lui, parle « avant tout d’humanité » a cartonné sur les écrans.
« Chaque génération doit trouver sa mission, l’accomplir ou la trahir », a déclaré Jean-Pascal Zadi en recevant son prix, citant le penseur Frantz Fanon.
Pour les César, institution-phare du cinéma français longtemps minée par les accusations d’entre-soi et d’opacité, qui avait fini de faire naufrage l’an dernier lors du couronnement de Roman Polanski, cette nomination est très symbolique.
D’autant qu’elle est venue juste après celle de Fathia Youssouf, couronnée à seulement 14 ans, pour « Mignonnes », un film sur l’adolescence à Paris, entre traditions d’une famille polygame sénégalaise et réseaux sociaux. La parité, par contre, reste un horizon toujours lointain dans le palmarès.
« Rends-nous l’art, Jean »
Outre ces questions, la grande préoccupation de la soirée a évidemment été la crise sanitaire, et la scène a servi à plusieurs reprises de tribune pour crier le désespoir du monde de la culture.
« No culture, no future » sur le ventre, « rends-nous l’art, Jean » sur le dos : la comédienne Corinne Masiero, alias capitaine Marleau sur le petit écran, a marqué les esprits en ôtant un costume de Peau d’Ane sanguinolent, se retrouvant entièrement nue sur la scène pour remettre le prix du meilleur costume.
« Maintenant, on est comme ça, tout nus », a-t-elle lâché, tampons hygiéniques usagés aux oreilles, souhaitant soutenir notamment les intermittents du spectacle.
« Mes enfants peuvent aller chez Zara et pas au cinéma… C’est incompréhensible ! On a besoin d’une volonté politique pour que le cinéma continue d’évoluer, vous devez porter cette responsabilité en tant que ministre », a aussi déclaré Stéphane Demoustier en recevant le César de la meilleure adaptation pour « La fille au bracelet », à l’intention de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Celle-ci, présente mais pas dans la salle en raison du protocole sanitaire, avait fait passer à son arrivée « un message d’espoir » : « Nous sommes en train de bâtir avec la filière les conditions de réouverture de salles », avait-elle assuré.
La 46e cérémonie des César a aussi été l’occasion de rendre hommage aux artistes disparus, dont Jean-Pierre Bacri, décédé en janvier. Histoire de retrouver un peu le sens de la fête, la troupe du Splendid s’est vue remettre un César anniversaire.
Avec AFP
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