https://img.lemde.fr/2020/12/20/825/0/4252/2123/1440/720/60/0/bdb28eb_81829880-012-oct-21.jpg
FactuelEn Italie, Autriche, Espagne, Suède, Allemagne et au Royaume-Uni, chacun a vécu dans sa chair les attaques du Covid-19. Récit croisé de nos journalistes
CONFINEMENT, UN AN APRÈS
A l’instar de la France, l’ensemble de l’Europe a subi depuis un an un véritable cataclysme. La première vague a frappé de plein fouet l’ouest du continent, la deuxième a touché aussi l’Allemagne et l’Europe centrale. Mois après mois, le nombre de victimes de la pandémie a dépassé les 700 000, un bilan pire que celui des seuls Etats-Unis.
Surpris par l’ampleur de la crise sanitaire venue de Chine, chaque pays a dû improviser pour tenter de parer à l’urgence. Pour limiter la déferlante meurtrière du virus, de multiples nuances de confinements, restrictions et autre quarantaines ont émergé, comme l’ont vécu de près nos correspondants.
- Sentiment de sidération en Italie, par Jérôme Gautheret
La fontaine de Trevi déserte, surveillée par une voiture de carabiniers, les rues avoisinantes vidées de toute trace de vie et, partout, l’agressivité des policiers et militaires déployés dans le quartier… En temps ordinaire, Rome n’est jamais silencieuse, mais ce soir-là, on n’entendait, comme bruit de fond, que les cris des oiseaux.
Rien, parmi les images des premières heures du confinement en Italie, ne m’a semblé plus inimaginable – et glaçant – que cette promenade nocturne dans le centre de Rome, le soir du mercredi 11 mars 2020. En quelques jours, l’Italie entière venait d’entrer en confinement, restreignant de façon inédite les libertés individuelles de ses citoyens pour répondre à l’urgence sanitaire, sous les yeux d’une Europe incrédule. Alors président du Conseil, Giuseppe Conte venait d’annoncer, sur un ton dramatique, la fermeture de tous les commerces non essentiels. Une équipe de BFM-TV s’était installée face à la fontaine, malgré l’hostilité des forces de l’ordre, pour rendre compte, depuis Rome, de cette ambiance irréelle.
Au même moment, à Paris, se disputait au Parc des Princes un huitième de finale retour de la Ligue des Champions entre le Paris-Saint-Germain et les Allemands du Borussia Dortmund. La crainte de l’épidémie avait poussé les autorités à imposer le huis clos, mais plusieurs milliers de supporteurs parisiens s’étaient tout de même rassemblés aux portes du stade, et fêtaient bruyamment la qualification de leur équipe pour des quarts de finale dont personne ne soupçonnait encore qu’ils n’auraient pas lieu avant des mois.
Comment faire comprendre à un lecteur français ce que ces images de liesse, vues de Rome, avaient de déplacé, voire d’effrayant ? Le décalage vertigineux entre ces deux réalités donnait l’impression qu’un abîme s’était creusé en quelques jours entre l’Italie et ses voisins. « Je vous écris d’Italie, je vous écris donc depuis votre futur. Nous sommes maintenant là où vous serez dans quelques jours », préviendra peu après l’écrivaine italienne Francesca Melandri, dans les colonnes de Libération. La suite lui donnera raison, au-delà de toutes les craintes. Non, la crise qui commence n’est pas due à une désorganisation typiquement italienne, et non, le virus ne s’arrêtera pas sagement à la frontière. Aucun pays d’Europe, même le plus assuré de sa solidité, ne sera épargné.
Il vous reste 86.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article L’Europe au fil d’une année catastrophe est apparu en premier sur zimo news.