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L’ancien premier ministre Enrico Letta de retour à Rome, pour épargner au Parti démocrate italien le scénario « du PS français »

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L’ancien premier ministre italien, Enrico Letta, le 14 janvier 2020, à Paris. L’ancien premier ministre italien, Enrico Letta, le 14 janvier 2020, à Paris.

La nouvelle ne faisait plus l’ombre d’un doute depuis quelques jours. Elle a été officialisée, vendredi 12 mars, par la diffusion d’un message vidéo sur les réseaux sociaux : l’ancien président du conseil italien Enrico Letta (Parti démocrate, PD, centre gauche), évincé du pouvoir en février 2014 par Matteo Renzi après une révolution de palais d’une rare violence, est rentré à Rome, mettant un terme à ses fonctions de doyen de l’Ecole d’affaires internationales de Sciences Po. Dimanche, devant l’assemblée de la direction du parti, « par amour de la politique et passion pour les valeurs démocratiques », il doit se porter candidat à la succession du secrétaire sortant du PD, Nicola Zingaretti, qui a annoncé sa démission le 4 mars, quelques jours après l’entrée en fonction du gouvernement Draghi.

« Je veux remercier Nicola Zingaretti, à qui je suis lié par une amitié profonde et une grande syntonie », a-t-il tenu à ajouter à l’attention du dirigeant sortant du parti – qui lui a déjà apporté son soutien –, avant d’annoncer un discours politique plus général, dimanche, pour l’élection.

Soumis, de son propre aveu, à une « pression incroyable » de la part de la direction du PD, pour qui il apparaît comme un ultime recours, l’ancien chef de gouvernement italien n’a pas renoncé de gaieté de cœur à sa vie parisienne. « J’ai vraiment hésité parce que j’aimais la vie que je menais, j’aime Sciences Po, j’aime mes étudiants et je continue à penser que partir à Paris, en 2014, a été le choix le plus intelligent que j’aie fait de ma vie », confiait-il vendredi matin au Monde, quelques heures avant d’officialiser son grand retour sur la scène politique romaine. « Mais l’Italie est mon pays, et la politique, c’est mon ADN. »

Dernière carte maîtresse

« C’est allé vraiment très vite, poursuit-il. Les premiers contacts ont eu lieu dimanche dernier, mais lundi encore j’ai passé la journée à faire des réunions sur le déménagement prochain de l’école… » Jeudi en début d’après-midi, Enrico Letta est rentré à Rome, conscient de l’extrême difficulté de la tâche qui lui incombe. « Le parti est dans une crise très grave, analyse-t-il. Les derniers sondages nous donnent 15 à 16 % d’intentions de vote. Ce que nous devons éviter, c’est que le PD devienne comme le PS français, dont l’aile droite est partie avec Macron quand l’aile gauche est allée vers Mélenchon. »

Au regard de pareille urgence, Enrico Letta est apparu aux dirigeants du PD comme la dernière carte maîtresse disponible. D’une certaine manière, cette décision semble être la suite logique de la nomination de Mario Draghi à la présidence du conseil, début février. Certes, Saint-Germain-des-Prés n’a pas grand-chose à voir avec le charme rustique de l’Ombrie, où Mario Draghi passait une retraite studieuse, travaillant sa stature de recours. Mais le résultat est le même : très proches l’un de l’autre, les deux hommes étaient en réserve de la République, et ils ont été rappelés aux affaires à quelques semaines de distance.

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