La fin du conflit industriel et boursier de l’année est-elle en vue? Veolia, engagé dans une OPA hostile sur Suez, a proposé jeudi de maintenir intact le groupe Suez en France, démarche destinée à rassurer les salariés — mais Suez a immédiatement répliqué qu’elle manquait « de sérieux ».
Enième épisode de cette saga commencée l’été dernier, Veolia a proposé jeudi de maintenir intact Suez France en le cédant au fonds français d’infrastructures Meridiam; Veolia ne garderait que ses activités internationales.
Si le conseil d’administration de Suez répondait favorablement, Suez « resterait inchangé en France avec son périmètre eau et déchets de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (environ un tiers du total, ndlr) et ses plus de 25.000 salariés », a plaidé Veolia.
La proposition suffira-t-elle à dénouer le conflit fratricide? Pour l’instant, Suez n’envoyait pas de signal positif.
« Le Conseil d’Administration étudiera les propositions de ce jour même si, à ce stade, la proposition de Veolia manque de sérieux (…) À défaut de réelle volonté de négociation et de propositions sérieuses, le Groupe poursuit son projet industriel », a déclaré Suez dans un communiqué quelques heures après l’annonce de Veolia.
« Je propose de préserver les activités de Suez en France au sein d’un même groupe », qui serait cédé à Meridiam et deviendrait ainsi un « concurrent de Veolia », a dit jeudi à la presse le PDG de Veolia Antoine Frérot, évoquant « une proposition d’ouverture majeure pour pacifier » la situation.
« Il est plus que temps de revenir à la raison. Veolia souhaite conclure un accord avec la direction de Suez qui permettrait de sortir les salariés, les clients et les actionnaires de l’incertitude », a-t-il ajouté.
Il s’agit de « maintenir intact Suez France: les activités eau et déchets resteront ensemble dans une même entreprise, appelée Suez et dans laquelle Meridiam investira », avec la « garantie pendant au moins quatre ans de 100% des emplois et des acquis sociaux » a-t-il dit.
Selon lui, « rien ne changerait pour les salariés de Suez en France », qui bénéficieraient « d’un avenir serein ». Jusqu’ici, Veolia prévoyait de céder à Meridiam la seule activité Eau France, que les règles de la concurrence lui auraient interdit de garder.
Cela « coûte à Veolia », qui se prive des actifs déchets, « mais si cela permet de débloquer la situation, nous sommes prêts à y travailler rapidement », a précisé Antoine Frérot, confirmant son offre de 18 euros l’action, montant jugé trop bas par Suez (le cours actuel est juste en dessous).
– Cessions qui fâchent –
Numéro un des services à l’environnement, Veolia a déjà acquis en octobre 29,9% des parts de son rival auprès d’Engie, avant de se lancer à l’assaut du restant pour créer « la référence mondiale de la transformation écologique ».
Depuis, la direction et les syndicats de Suez se débattent pour tenter de faire échouer un projet synonyme selon eux de démantèlement et de destruction d’emploi.
De recours judiciaires en amabilités distillées par voie de presse, la bataille industrielle et boursière est devenue une guerre par tous les moyens, sans que les lignes ne bougent fondamentalement à ce stade.
Pour Veolia, qui a déposé le 8 février son OPA hostile après avoir abandonné tout espoir d’un accord amiable, le projet se poursuit « comme prévu », estime Antoine Frérot, qui table sur une douzaine de mois, le temps de recevoir les visas des autorités de la concurrence.
Suez plaide pour le maintien de deux groupes. L’ex-Lyonnaise des Eaux, engagée dans un plan de rotation d’actifs pour se recentrer sur des activités à forte valeur, a nettement accéléré les cessions ces derniers mois.
Son directeur général Bertrand Camus a récemment annoncé une 2e salve de cessions à l’étranger, et des rumeurs de négociations – pas confirmées mais pas démenties – ont fait sortir Veolia de ses gonds.
Antoine Frérot a ainsi menacé dimanche de poursuite tout administrateur de Suez qui autoriserait la vente d’actifs stratégiques internationaux, notamment les sociétés de traitement de déchets en Australie et au Royaume Uni.
« Si Suez cédait ces actifs, il ne pourrait y avoir d’accord et les actionnaires trancheraient », a-t-il prévenu jeudi. C’est cette assemblée générale des actionnaires de Suez qui arbitrerait in fine si les deux rivaux ne parvenaient pas à s’accorder. Rendez-vous d’ici la fin juin.
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