La Gironde, la Marne et le Loiret sont les départements plus gros utilisateurs de pesticides en France, et la Charente-Maritime pour le glyphosate en particulier, selon un classement établi, sur la base des achats « globaux » de phytosanitaires, par l’association environnementale Générations futures.
Dans son dossier, qui s’appuie sur les données annuelles officielles (déclaratives) d’achats de substances actives phytosanitaires portant sur l’année 2019, Générations futures produit une carte des achats de pesticides par département et par catégorie de produits, décernant en outre des « Glyph’Awards », pour les plus gros consommateurs du glyphosate, l’herbicide controversé le plus utilisé au monde.
La Gironde, la Marne, départements éminemment viti-vinicoles, sont les premiers départements « acheteurs » de pesticides toutes catégories, en tonnage, avec respectivement 3.037 et 2.809 tonnes, selon le classement. Et en premier lieu le soufre total, qui entre dans le processus de vinification (antibactérien, antiseptique), et est un pesticide naturel autorisé.
Au niveau national, ce soufre (11.604 tonnes) était en 2019 le pesticide le plus acheté, devant le glyphosate (5.934 t) et l’herbicide prosulfocarbe (3.915 t).
La Charente-Maritime se voit pour sa part attribuer un « Glyph’Award » d’or, pour ses achats de glyphosate –241 tonnes–, suivie de la Gironde –185 t– et de la Marne –184 t. En soulignant les départements « accros à ce pesticide », Générations futures dit vouloir « encourager les agriculteurs de ces départements à ne plus jamais recevoir cette distinction ou supprimer leur utilisation de glyphosate ».
Générations futures prend soin de préciser une « limite » à son dossier: il se veut « une présentation globale des quantités de pesticides achetées en France », et donc ne fait « aucune distinction entre les diverses toxicités » (CMR [cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction], perturbateurs endocriniens ou pesticides à faible risque). De « nouvelles cartes en fonction des profils toxicologiques des substances » sont en prévision, précise l’association.
Le syndicat des industries phytosanitaires (UIPP, 96% du marché) a dénoncé jeudi cette « absence de distinction entre les produits utilisables en agriculture biologique et les produits conventionnels ». L’UIPP rappelle aussi que les ventes de produits de biocontrôle, utilisant des mécanismes naturels, « progressent fortement » (de 15% des tonnages vendus en 2018 à 21,6% en 2019) au détriment des pesticides.
Le président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, Bernard Farges, a déploré que Générations Futures « se réfugie derrière les seuls tonnages totaux ». « C’est malhonnête », a-t-il indiqué à l’AFP. « Il faut préciser que la part du soufre et du cuivre, seuls pesticides autorisés en bio et utilisés de plus en plus largement en conventionnel, augmente » en Gironde. « C’est un bon signe », qui montre « un changement profond dans les pratiques » des viticulteurs.
Selon les chiffres gouvernementaux publiés 2020, les ventes de produits phytopharmaceutiques, après une forte hausse en 2018 (+18%), ont très nettement reculé en France en 2019, de -44% en volume, notamment celle du glyphosate (-35%). Une tendance globale que ne rappelle pas Générations futures dans son classement publié jeudi.
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