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Les autorités russes ont annoncé mercredi « ralentir » le fonctionnement de Twitter dans le pays à compter du 10 mars. La Russie accuse le réseau social américain de ne pas avoir supprimé des contenus « qui incitent les mineurs à se suicider, contenant de la pédopornographie, ainsi que des informations sur l’usage de drogues », selon un communiqué de l’agence de surveillance des télécommunications et des médias, le Roskomnadzor.
Plus précisément, le Roskomnadzor reproche à Twitter de ne pas avoir réagi à des « appels aux mineurs à commettre un suicide de masse le 3 mars 2021 ». L’agence de surveillance des télécommunications a assuré avoir envoyé « plus de 28 000 demandes de suppression initiales et répétées de liens et de publications illégales » à la firme américaine depuis 2017, sans effet.
Le ralentissement de Twitter doit être mis en œuvre « sur 100 % des appareils mobiles et 50 % des appareils fixes ». « Si Twitter continue d’ignorer les exigences de la loi, les répliques se poursuivront conformément au règlement et peuvent aller jusqu’au blocage », poursuit le gendarme russe.
Bloquer ou ralentir Twitter est cependant plus complexe qu’une simple coupure des tuyaux. La Turquie en a fait le constat en tentant de réduire au silence le réseau social américain en 2014. Le nombre de messages postés avait augmenté de 138 % après le blocage, les internautes disposant de nombreux moyens de contournement.
Une pression constante sur les réseaux sociaux
En outre, le communiqué du pouvoir russe ne précise pas que Twitter est aussi particulièrement utilisé en Russie pour les échanges politiques. Le réseau social a servi à Alexis Navalny à la mi-janvier, à son retour sur le territoire russe, après plusieurs mois passés en Allemagne pour soigner son empoisonnement, pour appeler à manifester contre le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.
A la suite des rassemblements de protestation dans une soixantaine de villes russes, le Kremlin avait ordonné à plusieurs réseaux sociaux de supprimer des messages appelant à manifester, puis s’était félicité quelques jours plus tard que 50 % des « messages illégaux » aient été modérés par YouTube, 38 % par TikTok, et 17 % par Instagram. Mais le Roskomnadzor n’avait pas cité Twitter dans cette liste de réseaux sociaux qui avaient obéi à ses injonctions.
Pour décourager l’usage de Twitter, le pouvoir russe a, dans ce contexte, également engagé le combat au plan juridique. En février, la femme d’un soutien de Navalny ainsi qu’un journaliste ont été condamnés à quelques semaines de prison pour avoir partagé un message Twitter comportant la date et l’adresse d’un rassemblement. Ce qui n’a pas empêché, quelques semaines plus tard, un message de soutien de circuler sur le réseau social sous le mot-clé #OùEstNavalny. L’objectif étant de réussir à localiser la prison où l’opposant était détenu.
Au-delà de Twitter, le pouvoir maintient la pression sur de nombreux réseaux sociaux. Le 9 mars, le tribunal de première instance de Moscou a reçu des rapports d’infraction concernant Telegram, Facebook, Twitter, TikTok et Google, qui n’auraient pas supprimé le contenu appelant les adolescents « à participer à des actions de protestation non autorisées ». Selon l’agence de presse russe Interfax, la procédure pourrait déboucher sur des amendes allant jusqu’à 4 millions de roubles, soit environ 45 000 euros.
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