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pourquoi il y a beaucoup de chutes

Alors que les deux premières étapes de Paris-Nice se sont réglées au sprint, le peloton doit déjà déplorer près d’une dizaine de chutes. Traditionnellement mouvementé, le début de la Course au Soleil l’est d’autant plus cette année que certains coureurs n’avaient pas encore enfourché leur vélo en compétition en 2021 à cause des nombreuses annulations liées à la Covid-19.

« L’essentiel est conservé puisque le but était de franchir ces deux premières étapes sans chutes. Maintenant, c’est une autre course qui va commencer ». Vincent Lavenu, le patron de l’équipe AG2R-Citroen Team, pouvait souffler à l’arrivée de la deuxième étape de Paris-Nice ce lundi à Amilly, dans le Loiret. Au complet, son équipe est presque totalement passée au travers des chutes depuis le départ à Saint-Cyr-l’Ecole et va pouvoir aborder plus sereinement le reste de la semaine, a priori un peu plus calme de ce point de vue là.

S’il s’estime chanceux, tout le monde ne peut pas en dire autant. Car à peine sorti de la région parisienne, le peloton de Paris-Nice constate déjà la casse. Dès la première étape dimanche, après une chute à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, c’est Richie Porte, victime d’un hématome à la fesse gauche, qui a dû mettre le clignotant et rentrer à la maison. Le Tasmanien était pourtant le leader désigné d’Ineos Grenadiers et l’un des rares prétendants sérieux à la victoire finale, dimanche prochain sur la Promenade des Anglais. Nouveau coup dur ce lundi cette fois pour un Français, encore à quelques dizaines de kilomètres de la ligne, Alexis Vuillermoz. Le puncheur de l’équipe Total Direct Energie devait lui aussi abandonner après une violente chute sur la clavicule. 

Au total, une dizaine de grosses chutes ont ainsi été recensées depuis le grand départ des Yvelines. Elles ont impliqué plus d’une vingtaine de coureurs, 15% du peloton environ. Ramené au nombre de kilomètres parcourus, on en est environ à une chute tous les 40 kilomètres. Une donnée assez impressionnante.

Plusieurs explications à cela. D’abord, le plateau gargantuesque de sprinteurs présents au départ. Bennett, Bol, Démare, Matthews, Ackermann, Nizzolo, Coquard, Laporte, Kristoff et bien d’autres… Cela tend forcément la course, à l’image de ces contacts dangereux épaules contre épaules à très haute vitesse, constatés lundi sur les images aériennes dans le final de la deuxième étape, entre l’Irlandais Sam Bennett (vainqueur de la première étape) et le Français Nacer Bouhanni. « Je crois que tout le monde veut vraiment se mettre en bonne position et se bat pour ça, expliquait après coup le Danois Casper Pedersen de l’équipe DSM, fier lanceur du vainqueur d’Amilly, Cees Bol, ce lundi. Sauf que, parfois, il n’y a pas assez d’espace sur la route. Donc ça crée du stress et ça amène des accidents. »

Durand: « Ils ont faim d’aller au combat »

Une thèse confirmée par Jacky Durand, consultant historique de la chaîne de télé Eurosport. « Il y a du vent, des tentatives de bordures, de la nervosité, tout le monde se sent fort, il faut éviter les cassures à la fois pour les sprinteurs et les leaders qui jouent le général. Conséquence, évidemment, ça frotte, c’est le lot des premières étapes. »

Mais l’ancien vainqueur du Tour des Flandres va plus loin et incrimine directement la pandémie de Covid-19 pour expliquer cette nervosité ambiante. Car il est vrai, tout le début de saison a été bouleversé avec l’annulation de beaucoup de courses, en Australie, en Amérique du Sud, mais aussi en Europe. Conséquence, les jours de compétition pour certains coureurs se font très rares et décuplent l’envie de briller. « Sur Paris-Nice, pas mal de coureurs sont à leurs premiers jours de course, rappelle ainsi Jacky Durand. Ceux qui sont dans ce cas, ils ont envie d’en découdre. Il y en a marre des stages et des entraînements ! Ils ont faim d’aller au combat, d’aller frotter avec les adversaires et ça explique ce lot de chutes. » 

Un sentiment largement partagé dans le peloton. Notamment par Fabien Doubey, qui joue pour sa part clairement, en ce début de saison, sa participation au prochain Tour de France. « C’est toujours difficile en ce moment, explique l’actuel porteur du maillot à pois de meilleur grimpeur de Paris-Nice. On ne sait pas où l’on va, donc chaque équipe essaye de récolter ce qu’elle peut sur chaque course et surtout sur des courses du calibre de Paris-Nice. Ça rend le niveau très homogène et certains en payent les conséquences avec les chutes. »

Un constat sur Paris-Nice comme sur d’autres grandes courses depuis le mois d’août. Ce calendrier épuré oblige tout un chacun à prendre des risques pour exister. Ce mardi, sur Paris-Nice, un peu de répit malgré tout puisque les coureurs auront droit à un contre-la-montre individuel de 14,4 km dans les rues de Gien, dans le Loiret, avant de mettre le cap vers le Beaujolais pour une arrivée en bosse à Chiroubles mercredi qui promet d’être des plus spectaculaires.

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