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Passeports sanitaires ou vaccinaux: où en est-on?

Des passeports sanitaires pour relancer les déplacements internationaux malgré la pandémie persistante de Covid-19? Plusieurs pays y croient, comme la Chine qui en lance un cette semaine, les grandes compagnies aériennes y travaillent, mais le concept recouvre plusieurs projets différents, voire concurrents.

– De quoi parle-t-on ? –

Le passeport sanitaire est un document qui prouve que son détenteur est, a priori, immunisé contre le Covid-19 et peut donc se rendre d’un pays à un autre sans risquer de le transmettre le virus à travers les frontières.

On parle souvent de passeport « vaccinal » car c’est le fait d’avoir reçu un vaccin qui pointe le plus clairement vers cette immunité.

Mais les divers projets en cours, qui prennent en général la forme d’une application sur smartphone, acceptent d’autres critères: par exemple un test garantissant la présence d’anticorps chez le voyageur dans l’idée qu’il ait déjà été atteint par la maladie par le passé.

Il faut distinguer ces passeports d’un autre concept, celui par exemple qualifié de « pass sanitaire » par Emmanuel Macron, le président français.

Ce dernier n’a pas la même finalité car il ne serait valable que dans son pays d’origine. Il vise à réserver l’entrée de certains commerces, comme les restaurants, ou de certains événements, comme les concerts, aux personnes immunisées.

– Qui travaille dessus ? –

Un écran de téléphone avec un modèle du nouveau

Un écran de téléphone avec un modèle du nouveau « certificat de santé pour les voyages internationaux » chinois, à Pékin, le 9 mars 2021 (AFP – NICOLAS ASFOURI)

De nombreux pays sont en train de réfléchir à la mise en place d’un passeport sanitaire et certains l’ont déjà lancé.

En pointe, la Chine a annoncé cette semaine un tel « certificat de santé » numérique pour les Chinois qui voudraient voyager à l’étranger.

En Europe, la Grèce et Chypre ont mis en place des passeports de ce type vers Israël, un pays particulièrement avancé dans sa vaccination, en accord avec l’Etat hébreu: les citoyens vaccinés peuvent voyager entre ces pays sans restrictions.

Isolément, d’autres pays européen, comme le Danemark et la Suède, comptent lancer prochainement des passeports sanitaires. Mais c’est bien plus compliqué au niveau de toute l’Union européenne (UE), face aux réticences de l’Allemagne et de la France.

L’UE a toutefois promis de présenter à la mi-mars un projet de « passeport vert » pour faciliter les déplacements en son sein.

– Est-ce un vrai passeport ? –

Un test du Covid à l'aéroport de Tel Aviv, en Israël, le 8 mars 2021 (AFP - JACK GUEZ)

Un test du Covid à l’aéroport de Tel Aviv, en Israël, le 8 mars 2021 (AFP – JACK GUEZ)

Non, aucun projet ne s’apparente encore à l’équivalent d’un vrai passeport, c’est-à-dire un document obligatoire pour voyager d’un pays à l’autre.

Par exemple, le passeport sanitaire chinois n’est qu’une options pour les ressortissants de ce pays, dans l’idée de leur donner plus de « commodités ». Mais, faute d’accords pour l’heure avec d’autres pays, l’intérêt en reste flou.

En définitive, il s’agit moins d’un nouveau document officiel que d’une application destinée à faciliter les contrôles sanitaires au passage d’une frontière.

C’est pour cela que le privé s’est aussi saisi de l’idée, en premier lieu les grandes compagnies aériennes qui bouillonnent de voir reprendre une activité ravagée par les restrictions sur les voyages.

L’Association du transport aérien international (Iata), qui regroupe l’essentiel du secteur mondial, planche depuis plusieurs mois sur un passeport numérique permettant aux passagers de prouver leur statut sanitaire avant d’embarquer. Des compagnies isolées, comme American Airlines, le font déjà.

– Peut-on aller plus loin ? –

Systématiser ces passeports sanitaires et les rendre plus contraignants ? Cela pose des problèmes juridiques qui expliquent notamment la timidité de la France.

Ils sont de deux ordres. D’abord, en rendant de fait la vaccination obligatoire pour certains déplacements, ils créeraient une inégalité entre citoyens, alors que l’accès aux vaccins anti-Covid est encore très contraint dans la plupart des pays.

Enfin, les défenseurs de la vie privée se soucient aussi de la manière, qui reste largement imprécise, dont ces applications accéderaient aux données de santé des particuliers.

En France, par exemple, il existe une base de données officielle des personnes ayant déjà reçu un vaccin anti-Covid.

L’autorité de régulation du numérique, la Cnil, accepte son existence, mais elle a bien prévenu: s’il s’agit de s’en servir pour un passeport, elle réexaminera le sujet de très près.

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