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Nouvelles arrestations à Rangoun, l’ONU appelle la junte à la retenue

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Raids et arrestations se sont poursuivis mardi, en Birmanie, après une nuit où les forces de sécurité ont été déployées à Rangoun pour neutraliser les manifestants. Les Nations unies ont exhorté le régime à « la retenue maximale » et à « la libération » des manifestants.

Les tensions se poursuivent en Birmanie. Les forces de sécurité se sont déployées de nouveau, mardi 9 mars, à Rangoun, après avoir encerclé des centaines de manifestants pro-démocratie dans le centre-ville la nuit précédente, multipliant les raids contre des habitations et les arrestations. 

Des axes de la capitale économique ont été bloqués par les militaires et les commerçants se sont dépêchés d’écouler leur marchandise avant d’éventuelles nouvelles violences, ont constaté des journalistes de l’AFP. 

Dans la nuit de lundi à mardi, des centaines de contestataires, dont de nombreuses Birmanes venues célébrer la Journée internationale des droits des femmes, ont été acculés pendant des heures dans le quartier de Sanchaung, théâtre de multiples rassemblements anti-junte ces derniers jours. 

Fouille des appartements  

Les forces de sécurité ont fouillé les appartements à la recherche de manifestants et des détonations ont été régulièrement entendues. 

Quiconque sera surpris en train de cacher des protestataires sera puni, ont averti les médias d’État. « La police a inspecté toutes les habitations de la rue une par une. Ils sont venus dans notre appartement, mais nous n’avions caché personne » et ils sont repartis, a relaté un résident.  

« Ils nous ont dit de ne pas les regarder, sinon ils allaient tirer », a raconté un autre, ajoutant que les logements qui avaient hissé le drapeau rouge de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, avaient été particulièrement ciblés. 

Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, selon des témoignages recueillis par l’AFP. 

Pour soutenir les manifestants assiégés, des centaines d’habitants ont bravé le couvre-feu imposé par les autorités en descendant dans les rues. « Libérez les étudiants », ont-ils scandé, les forces de sécurité tirant, notamment des grenades assourdissantes, pour tenter de les disperser. 

Les protestataires ont pu quitter le quartier aux premières heures du jour. « La patience du gouvernement est épuisée », ont mis en garde les médias d’État après cinq semaines de manifestations pro-démocratie quotidiennes. 

Protestations internationales  

Les événements de Sanchaung ont conduit à un nouveau concert de protestations internationales, les Nations Unies exhortant à « la retenue maximale » et à « la libération » des manifestants.  

La représentation de l’Union européenne en Birmanie, les ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, ont diffusé des messages similaires. 

La junte poursuit plus que jamais sa répression pour tenter d’éteindre l’insurrection pacifique contre le coup d’État qui a renversé Aung San Suu Kyi le 1er février. Trois manifestants ont été tués lundi, et plusieurs blessés. 

À Myitkyina (nord), des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des contestataires inanimés et couverts de sang, l’un d’entre eux gisant face contre terre, une partie du crâne arrachée. Une religieuse catholique en habit blanc s’est mise à genoux dans la rue, suppliant la police de ne pas tirer.  

À Mandalay (centre), deux véhicules militaires ont heurté des protestataires, six ont été blessés, dont deux grièvement. 

L’armée plonge tous les jours davantage le pays « dans un climat de peur », déplore l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) qui recense au moins 60 civils tués depuis le putsch et plus de 1 800 arrêtés. 

« Nous travaillons dans la peur » 

ONG, médias, responsables politiques : les raids se sont multipliés ces derniers jours. Une opération de police a eu lieu lundi contre l’agence de presse Myanmar Now. « Nous sommes la première salle de rédaction attaquée par le régime. Nous travaillons dans la peur », a relevé son rédacteur en chef Swe Win. Ce média et d’autres organes de presse indépendants se sont vus retirer leur licence de publication. 

La LND est aussi particulièrement ciblée avec de nombreux responsables arrêtés ces derniers jours et un représentant local tué. 

Les militaires ont confirmé avoir pris le contrôle d’hôpitaux publics et de campus universitaires « à la demande de citoyens qui ne veulent pas d’instabilité ». 

Médecins, enseignants, avocats, cheminots se sont mis en grève depuis le coup d’État, perturbant de nombreux secteurs de la fragile économie birmane avec des bureaux ministériels vides, des écoles et des hôpitaux fermés et des banques dans l’incapacité de fonctionner. 

>> La junte a mis en garde les fonctionnaires : ceux qui n’auront pas repris le travail à partir du 8 mars seront licenciés. 

« Libération d’Aung San Suu Kyi » 

Un nouveau coup diplomatique a été porté aux généraux putschistes : l’ambassadeur de Birmanie en Grande-Bretagne a suivi son homologue de l’ONU et d’autres diplomates birmans. Il s’est désolidarisé lundi du régime, appelant « à la libération d’Aung San Suu Kyi ». 

Les militaires font la sourde oreille face au concert de protestations de la communauté internationale, divisée sur la réponse à apporter. 

La Grande-Bretagne, les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont imposé des sanctions ciblées. Mais la Chine et la Russie, alliées traditionnelles de l’armée birmane, ne condamnent pas formellement le coup d’État. 

Du coup, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une déclaration commune. Des négociations doivent se poursuivre cette semaine. 

Avec AFP

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