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DécryptagesLa phase actuelle de numérisation crée une occasion unique pour la microélectronique européenne, estiment les grands industriels du secteur. Exemples à Dresde, en Allemagne, et à Grenoble, où les usines tournent à plein régime.
Globalfoundries, la plus grande usine européenne de puces électroniques, étend ses gigantesques bâtiments près de la belle Dresde, en Saxe. A quelques kilomètres au nord de l’Elbe, de l’opéra Semper et de la Frauenkirche, sur des collines verdoyantes, Globalfoundries est voisine d’Infineon, numéro un allemand de la puce, de Bosch et de dizaines de sous-traitants, sites de recherche, dont la réputée Université technique de Dresde, qui dispose d’un grand institut consacré aux semi-conducteurs et aux microprocesseurs.
Les puces électroniques, ce sont ces cartes pas plus grosses qu’un ongle sur lesquelles est gravé, sur des structures plusieurs milliers de fois plus petites qu’un cheveu humain, le cerveau des objets électroniques de notre quotidien : smartphones, ordinateurs portables, véhicules, serveurs informatiques et objets connectés. Ce composant, longtemps vu comme un produit de base, est devenu en quelques mois un enjeu géopolitique majeur. Sous l’effet de l’intensification des échanges numériques liée à la pandémie, la demande a explosé, au point de créer une pénurie mondiale, qui a révélé une très grande dépendance européenne envers des fabricants asiatiques et américains. Même l’industrie automobile allemande a été forcée de réduire massivement sa production, un choc outre-Rhin.
« Silicon Saxony »
A Dresde, en revanche, l’usine Globalfoundries tourne à plein régime et les perspectives semblent excellentes. Dans la région, grand pôle de compétence en microélectronique depuis la RDA, rebaptisé « Silicon Saxony » au début des années 2000, on s’attend à un âge d’or de la puce européenne. Non seulement la nouvelle phase de numérisation qui commence − celle de la production industrielle automatisée, de l’intelligence artificielle et des objets connectés − va profiter au savoir-faire spécifique européen, mais Bruxelles vient de faire de la microélectronique un axe prioritaire de sa politique de renforcement de la « souveraineté technologique ».
Grâce à un alignement entre le commissaire européen Thierry Breton et les ministres de l’économie Bruno Le Maire et Peter Altmaier, s’est imposée en Europe l’idée qu’une politique industrielle plus active était désormais indispensable pour soutenir certains secteurs jugés stratégiques (batteries, hydrogène). Début décembre 2020, un plan de soutien appelé « Piiec », « projet important d’intérêt européen commun », a été annoncé pour soutenir les investissements privés dans la microélectronique, qui profiteront à plusieurs pays : l’Allemagne avec Dresde bien sûr, mais aussi la France, l’Italie et les Pays-Bas. En fonction des demandes des entreprises, de 15 à 50 milliards d’euros de fonds publics pourraient être attribués.
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