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La colère gronde chez les personnels hospitaliers britanniques. Jeudi 4 mars, les quelque 280 000 infirmières et infirmiers du NHS, l’hôpital public, ont appris que le ministère de la santé ne recommandait qu’une hausse symbolique de 1 % de leur salaire pour l’année 2021, environ 3,50 livres sterling (4 euros) de plus par semaine. A peine de quoi compenser l’inflation (attendue à 1,5 % cette année), ni même payer les places de parking dans les hôpitaux, qui ne sont la plupart du temps pas gratuites pour le personnel.
Le Royal College of Nursing (RCN), l’un des syndicats historiques de la profession, a fait savoir qu’il était prêt à l’action pour la première fois depuis… cent cinq ans, et qu’il avait même constitué une cagnotte de 35 millions de livres sterling pour financer son futur mouvement. « Aucune infirmière n’aime ce type d’action, mais nous devons nous préparer », a expliqué Donna Kinnair, la secrétaire générale du syndicat à la BBC. Le RCN réclame une revalorisation de 12,5 %. Unite, le principal syndicat britannique, consulte sa base, tout comme les autres grosses centrales GMB et Unison. Une grève massive serait une première dans un pays où les arrêts de travail sont rares, surtout dans la fonction publique hospitalière.
Comme les médecins, ambulanciers ou aides-soignantes, les infirmières ont été en première ligne depuis le début de la pandémie. Elles ont manqué de masques au printemps 2020, elles ont essuyé une brutale deuxième vague – plus de 47 000 décès liés au coronavirus depuis le 1er janvier 2021. Beaucoup ont attrapé la maladie, nombreuses en sont mortes (plus de 150 en 2020). Elles sont désormais épuisées et en sous-effectif chronique. « Cette hausse de 1 %, c’est une véritable gifle qu’on prend en pleine figure », témoigne Matthew Tovey, infirmier gallois, qui a « décroché [sa] qualification juste au début de la pandémie ».
« Etre infirmière, c’est une passion »
Joint par téléphone, ce membre du syndicat Unite est un des premiers à avoir réclamé une hausse de salaire de 15 % (soutenue désormais par les syndicats GMB et Unite), « à l’été dernier, quand on a appris les hausses de salaire des députés à la Chambre des communes [ils ont bénéficié d’une augmentation de 3 000 livres sterling par an] ». Il a lancé une pétition en ligne (« Claps don’t pay the bills » – « les applaudissements ne paient pas nos factures », sur la plate-forme Change.org), qui a recueilli près de 500 000 signataires. « Je travaille pour le NHS depuis plus de dix ans, mais je gagne moins aujourd’hui qu’au début en termes réels », regrette Matthew, qui raconte « une année très dure. On avait de tels manques de personnel qu’on a dû s’occuper d’au moins deux fois plus de patients. Je souffre d’anxiété, beaucoup de collègues sont pareils ».
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