Croissance: la France devrait limiter la casse

La croissance française sera « l’une des plus fortes d’Europe, nettement supérieure à la moyenne européenne ». Malgré la situation sanitaire très fragile dans l’Hexagone, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, interrogé ce matin sur France Info, s’est montré plutôt optimiste pour les mois à venir sur le front économique. La banque centrale prévoit toujours que le PIB progressera d’au moins 5% en 2021. Dans ses perspectives économiques, publiées ce mardi 9 mars, l’OCDE conforte ces prédictions en tablant sur un rebond de 5,9%, l’un des plus importants des pays riches. Mais il faut dire que la France a connu une récession parmi les plus sévères en 2020, avec une chute du PIB de 8,2%. Comment dès lors nous situer par rapport aux autres pays?

Proche de l’Allemagne

Pour y voir plus clair, l’OCDE s’est livrée à un petit exercice en comparant le niveau de PIB désormais prévu pour le quatrième trimestre 2021 à celui que ses experts anticipaient en novembre 2019, avant le début de la crise sanitaire. On se rend alors compte que la France limiterait plutôt la casse, avec un PIB inférieur de 3%, proche de l’écart allemand de –2,5%, et ferait mieux que la zone euro dans son ensemble (-3,8% en moyenne).

Malgré un rythme de vaccination très élevé (35 doses déjà administrées pour 100 habitants contre moins de 9 dans l’Hexagone), le Royaume-Uni continuerait à payer sa récession plus prononcée en 2020 et accuserait un différentiel de -4,9% par rapport aux projections de 2019. L’Espagne fait encore pire avec -6,4%.

En revanche, les Etats-Unis sont le seul pays de l’OCDE qui pourrait afficher un niveau de PIB légèrement supérieur (0,2%) aux projections d’avant Covid. Le rebond de la croissance atteindrait, en effet, 6,5% en 2021, après une baisse limitée à 3,5% en 2020. Le rythme de vaccination y est également beaucoup plus rapide qu’en Europe (28 doses pour 100 habitants), laissant espérer une levée progressive des restrictions. Mais l’OCDE met surtout en avant l’importance du stimulus budgétaire outre-Atlantique: le nouveau « American Rescue Plan » de l’administration Biden, qui s’élève à 1.900 milliards de dollars, devrait booster le PIB de 3 à 4% en un an. Ce plan explique d’ailleurs, en partie, l’amélioration de la prévision de croissance mondiale, désormais attendue par l’OCDE à 5,6% cette année. Il devrait également continuer à produire ses effets en 2022. Le PIB américain se situerait alors près de 1% au-dessus des projections d’avant la crise sanitaire, alors qu’il serait encore 2% inférieur en France.