Veolia a prévenu dimanche qu’il engagerait des poursuites en justice contre les administrateurs de Suez qui autoriseraient la cession d’actifs stratégiques du groupe, réagissant à des informations évoquant des négociations en ce sens.
« Veolia annonce étudier toutes les voies de droit pour bloquer ces cessions et, si elles devaient avoir lieu, engager la responsabilité individuelle de ceux qui les auraient autorisées », a indiqué dans une déclaration à l’AFP le groupe, engagé dans une OPA sur son rival.
« Suez ne commente pas les rumeurs, qu’elles soient orchestrées ou non », a déclaré de son côté ce dernier, alors que des informations circulent dans la presse financière sur le sort de ses actifs dans les déchets en Australie et en Grande-Bretagne.
« Le seul projet de démantèlement de Suez dont nous avons connaissance est celui de Veolia », ajoute-t-on chez Suez.
Le groupe Cleanaway Waste Management a confirmé dans un communiqué « son intérêt pour une acquisition potentielle » des actifs australiens de Suez: « il n’y a aucune certitude que des discussions avec Suez aboutissent à une transaction », ajoute-t-il cependant.
Des discussions avec le fonds I Squared Capital portent par ailleurs sur les actifs britanniques, selon Mergermarket.
Pour Antoine Frérot, le PDG de Veolia, de telles ventes, représentant 80% de l’activité déchet de Suez hors de France, seraient « un appauvrissement considérable de l’entreprise Suez. Une opération de découpe de l’entreprise, c’est le travail d’un fonds d’investissement, pas d’un industriel. C’est saborder leur propre groupe ».
« Un actionnaire comme Veolia considérerait qu’un conseil d’administration qui, pour se maintenir en place, vide l’entreprise de cette manière, c’est inadmissible. Dans ce cas-là, nous n’hésiterons pas à engager la responsabilité individuelle de ceux des administrateurs qui autoriseraient cette liquidation », a-t-il dit à l’AFP, invoquant la défense de l’intérêt social et des parties prenantes du groupe.
Sur un ton plus conciliant, Veolia a aussi indiqué qu’il annoncerait cette semaine une proposition de nature à sortir « par le haut » du conflit avec Suez.
« Nous réfléchissons à une solution qui permettrait de satisfaire un certain nombre de parties prenantes », a juste dit M. Frérot.
Les deux frères ennemis de l’eau et des déchets sont engagés dans une guerre par tous les moyens depuis que Veolia a racheté 29,9% de Suez à Engie en octobre. Veolia a depuis lancé une OPA sur le reste des actions pour créer un géant français des services à l’environnement.
Suez, qui refuse de se laisser avaler, plaide pour le maintien de deux groupes et pour son propre modèle de développement.
L’entreprise a engagé depuis 2019 un plan de cessions et acquisitions d’actifs pour se concentrer sur certaines activités à forte valeur ajoutée: son directeur général Bertrand Camus a récemment annoncé une 2e salve de cessions, sans préciser lesquelles, au grand dam de Veolia.
Antoine Frérot estime que ces ventes visent d’abord à « pouvoir verser des dividendes exceptionnels » aux actionnaires de Suez.
Alors que les deux parties ne semblent plus pouvoir se parler, ce sont peut-être les actionnaires de Suez qui devront in fine trancher lors de l’assemblée générale attendue d’ici à la fin du mois de juin.
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