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A Berlin, Les Valseuses se sont endormies il y a bientôt quatre mois et demi, et nul ne sait quand elles se réveilleront. Ce restaurant français, situé près du grand carrefour d’Eberswalder Strasse, dans le quartier de Prenzlauer Berg, a fermé ses portes début novembre 2020, comme tous les bars et restaurants en Allemagne. Son patron, Julien Ponthieu, 40 ans, d’habitude si jovial, peine à cacher sa lassitude lorsqu’il décrit les problèmes auxquels il doit faire face.
« On ne sait pas du tout où on va. Ni combien de temps on va pouvoir tenir. Cette semaine, j’ai enfin touché la dernière part des aides promises pour le mois de novembre. J’attends toujours décembre, janvier et février. Mais j’ai dû avancer les frais du chômage partiel, payer les loyers en intégralité, les assurances, plus les fournisseurs qui nous ont déjà livrés… Je me suis endetté de 30 000 euros, juste pour rester à flot, raconte-t-il, la gorge serrée. Et même avec la perspective de rouvrir en extérieur, je ne m’en sors pas vraiment. Ma terrasse est trop petite pour rentabiliser la cuisine. »
Le plus frustrant, dans cette lutte pour maintenir son entreprise, est la lenteur de l’administration. « On paye normalement la TVA chaque mois. Ils savent bien combien on gagne ! Pourquoi faut-il faire en plus une demande pour être indemnisé ?, soupire-t-il. Je pense qu’à Berlin, beaucoup de restaurants ne rouvriront pas. »
Retour de balancier
Audrey Picardo, elle, a vu le premier confinement de mars comme une chance à saisir : avec la multiplication des fermetures, elle a enfin trouvé le local de ses rêves, à Berlin, pour ouvrir avec sa sœur une boutique qui combine galerie d’art et vente de vêtements et d’accessoires. Sur leur site Internet, les sœurs réunionnaises d’une trentaine d’années s’affichent tout sourire. Mais au téléphone, la voix tremble. Leur enthousiasme s’est fracassé à la seconde vague de fermetures des commerces, mi-décembre 2020. La Case Paulette, leur boutique, venait d’ouvrir, après trois mois de travaux…
« Depuis le 16 décembre, je dors mal, dit Audrey. On a investi 40 000 euros en tout, j’ignore comment je vais pouvoir les rembourser. Les réouvertures sont repoussées de quinze jours en quinze jours, on ne sait pas s’il faut commander de nouveaux produits. »
La détresse exprimée par ces deux entrepreneurs français à Berlin est largement partagée en Allemagne. Le gouvernement, qui passait pour modèle au printemps 2020 pour sa gestion de la pandémie et sa réactivité face aux conséquences économiques des restrictions, subit actuellement un fort retour de balancier. Les mesures de restriction, qui doivent se poursuivre jusqu’à fin mars au moins, se heurtent aujourd’hui à la fatigue de la population et à l’exaspération des secteurs économiques les plus sévèrement touchés : la restauration, le tourisme et le commerce.
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