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Livre. Fin 2001, les Etats-Unis intervenaient en Afghanistan et chassaient le régime taliban, coupable d’avoir hébergé Al-Qaida. Ils s’y installaient, en 2002, avec l’OTAN, promettant de rebâtir un pays solide, aux normes démocratiques, nettoyé de tout refuge djihadiste. Vingt ans plus tard, confrontée à son échec, la communauté internationale tente de s’extirper d’un piège coûteux financièrement et humainement. Mais l’heure du bilan a sonné alors que les talibans sont de nouveau aux portes du pouvoir. C’est pourquoi Le Gouvernement transnational de l’Afghanistan. Une si prévisible défaite, de l’universitaire Gilles Dorronsoro, toujours soucieux de sa liberté critique, n’est pas un ouvrage didactique parmi d’autres.
La liberté de ton de l’auteur et son ambition scientifique sont bien réelles. La forme, elle, ne cache rien d’un désenchantement, voire d’une frustration d’avoir décrit, sans être entendu, cette défaite annoncée. Pour lui, les acteurs internationaux, les militaires et les chancelleries, mais aussi l’ONU et les ONG, ont calqué sur ce pays des concepts éloignés de la réalité du terrain et tributaires d’un programme dicté par les seuls intérêts sécuritaires. Résultat : l’Occident a perdu faute d’avoir su reconstruire un Etat afghan.
Gilles Dorronsoro réfute d’emblée des explications jusque-là admises, notamment dans les cercles d’experts anglo-saxons. Pour lui, l’intervention américaine, en 2003, en Irak, et le désinvestissement politico-militaire des Etats-Unis en Afghanistan qui s’est ensuivi sont de faux arguments pour expliquer le retour des talibans dans le paysage afghan. Car, dit-il, la reconstruction d’un pays ne peut venir du montant de l’aide internationale ni d’un développement évalué de manière purement comptable.
Construction d’un Etat autonome
Le cœur de la stabilisation d’un pays, estime-t-il, c’est la construction d’un Etat autonome. Or, dit-il, « les opérateurs internationaux ont surtout travaillé contre l’Etat ». Pour preuve, ni les administrations ni les forces armées afghanes ne fonctionnent vraiment. D’après lui, l’action internationale a été fondée sur une « anthropologie imaginaire » qui ferait de l’Afghanistan un pays apolitique tenu par des logiques locales et tribales, ce qui ne serait pas le cas. Par ailleurs, une foi excessive dans « les valeurs libérales », alors que le fondamentalisme est très présent au sein des élites afghanes, aurait égaré des décideurs qui ont considéré, à tort, que l’histoire de l’Afghanistan débutait fin 2001.
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