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Affaire Khashoggi : la quarantaine politique de Mohammed Ben Salman

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Analyse. Depuis le 2 octobre 2018, date de l’assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays, à Istanbul, la vie du prince héritier Mohammed Ben Salman a des airs d’Un jour sans fin (1993), le film culte de Harold Ramis – le côté comique en moins. Comme le présentateur météo joué par Bill Murray, condamné à revivre indéfiniment la même journée, le dauphin saoudien semble enfermé dans une boucle temporelle, incapable de s’extirper de ce scandale international.

A chaque fois que les autorités de Riyad ont essayé de l’en distancer, en dressant un pare-feu ou en faisant diversion, la poisseuse affaire Khashoggi lui est retombée dans les bras. Le dernier exemple en date est la publication, fin février, du rapport de la direction du renseignement américain désignant le prince Mohammed, surnommé « MBS », comme l’ordonnateur de l’équipée d’Istanbul.

« Parodie de justice »

Ce document, que le président Donald Trump avait délibérément classifié mais que son successeur, Joe Biden, a tenu à dévoiler, a ramené la couronne saoudienne à la case départ. Bien que dépourvue de révélations, fondée sur la centralité du fils du roi Salman dans l’appareil sécuritaire saoudien, cette synthèse a de nouveau contredit la version officielle. Celle-ci dépeint la liquidation de Jamal Khashoggi – à qui une injection létale a été inoculée avant qu’il ne soit démembré au moyen d’une scie à os – comme une opération d’arrestation ayant mal tourné, conduite par des éléments hors de contrôle, à l’insu de « MBS ».

Dans ses efforts pour tourner la page de ce sordide fiasco, le prince héritier s’est aussi livré à un exercice de contrition publique, en se déclarant, en septembre 2019, sur l’écran de la chaîne américaine CBS, « responsable mais pas coupable ». Dans la foulée, le pouvoir saoudien a fait condamner les membres du commando d’Istanbul à la peine de mort, à l’issue d’un procès auquel il avait convié des diplomates occidentaux, censés garantir l’équité de la procédure.

Mais le secret absolu auquel ces observateurs ont été tenus, l’absence de journalistes dans la salle du tribunal et l’absolution offerte aux deux proches de « MBS » mis en cause dans l’assassinat ont décrédibilisé le procès aux yeux des organisations de défense des droits de l’homme. Un an plus tard, en septembre 2020, quand les cinq condamnés à mort ont vu leur peine commuée en vingt ans de prison, Agnès Callamard, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extra-judiciaires, a stigmatisé « un acte de plus dans une parodie de justice ».

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