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Le pape François à la rencontre des chrétiens du nord de l’Irak ravagé par l’EI

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Publié le : 07/03/2021 – 07:11

Pour son dernier jour en Irak, le pape François se rend dans le nord pour rencontrer certains des 400 000 chrétiens toujours présents dans ce pays.

Le pape François va, dimanche 7 mars, à la rencontre des chrétiens, au troisième et dernier jour d’une visite historique en Irak, dans le Nord où l’organisation État islamique (EI) avait décrété son « califat » autoproclamé en 2014.

Sa venue à Mossoul, carrefour commercial historique du Moyen-Orient, est hautement symbolique. Lors de la percée jihadiste, le pape s’était dit prêt à venir auprès des déplacés et autres victimes de guerre.

Dimanche à Mossoul, il va d’abord réciter une « prière pour les victimes de la guerre », ces milliers de Yazidis, de chrétiens et de musulmans assassinés par les jihadistes ou tombés au combat pour les déloger d’Irak.

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Sept ans plus tard, le souverain pontife va découvrir les ruines laissées derrière eux par les jihadistes chassés d’Irak en 2017, lui qui a dénoncé avec fermeté « les armes », « le terrorisme qui abuse de la religion » et « les intolérances ».

« Nous espérons tous que cette visite sera de bon augure pour le peuple irakien. Nous espérons qu’elle mènera à des jours meilleurs », s’enthousiasme déjà auprès de l’AFP Adnane Youssef, chrétien du nord de l’Irak.

« Cette visite très importante va nous remonter le moral après des années de difficultés, de problèmes et de guerres », renchérit le père George Jahoula, alors que la communauté chrétienne d’Irak s’étiole chaque année au gré des départs en exil.

Forces de l’ordre en alerte

Dans ce pays de 40 millions d’habitants, quasiment tous musulmans, les chrétiens ne sont plus que 400 000 aujourd’hui, alors qu’ils étaient 1,5 million avant l’invasion américaine en 2003.

À Mossoul, dont la vieille ville n’est toujours qu’un immense tas de gravats, le pape rencontrera l’ensemble des communautés chrétiennes après avoir porté leur cause auprès des autorités à Bagdad.

>> À lire : L’ayatollah Sistani au pape François : les chrétiens d’Irak doivent vivre « en paix »

C’est la journée au cours de laquelle gardes du corps et forces de l’ordre seront le plus en alerte. Car si la visite du pape est historique, le dispositif sécuritaire déployé pour l’accueillir l’est tout autant.

Les rares kilomètres que le pape a parcourus par la route l’ont été à bord de voitures blindées. Pour la majorité des 1 445 km de son parcours entamé vendredi après-midi, le souverain pontife est dans un avion ou un hélicoptère pour survoler plutôt que traverser des zones où se terrent encore des cellules jihadistes clandestines.

Et tout cela, au beau milieu d’un confinement total décrété jusqu’à lundi – le pape repartira lundi matin – face à des contaminations au Covid-19 qui atteignent ces jours-ci des records en Irak.

>> À lire : « Que se taisent les armes » : l’appel à la paix du pape François en Irak

Après Mossoul, le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde ira dans la localité emblématique de Qaraqosh, plus à l’est, où l’église al-Tahira, entièrement brûlée par l’EI, a été remise en état, entièrement nettoyée et redécorée pour sa venue.

Messe dans un stade à Erbil

Jusqu’au dernier moment, entre répétitions pour les chorales, nettoyage des dalles de marbre des églises et décorations installées dans les rues, les habitants de Qaraqosh n’ont ménagé aucun effort.

C’est là, dans la plaine de Ninive, que vivaient la plupart des chrétiens du pays. Ils ont fui leurs villages en 2014, trouvant refuge au Kurdistan irakien. Seules quelques dizaines de milliers d’entre eux sont revenus depuis.

Les habitants de Qaraqosh à pied d’œuvre



Les mots dits samedi au pape par l’ayatollah Ali Sistani, grande figure du chiisme en Irak et au-delà, assurant œuvrer pour que les chrétiens d’Irak vivent en « paix », en « sécurité » et avec « tous leurs droits constitutionnels », pourraient toutefois leur apporter un soutien réconfortant.

Moment phare de la journée de dimanche, la messe que doit célébrer le pape dans l’après-midi dans un stade d’Erbil devant des milliers de fidèles.

Erbil est la capitale du Kurdistan irakien, qui passe pour un havre de paix au milieu d’un Moyen-Orient déchiré par les guerres. La sécurité et les infrastructures y sont meilleures qu’à Bagdad ou Mossoul.

Le pape qui aime tant les bains de foule et en a été privé depuis son arrivée en Irak pourra retrouver des fidèles et probablement les saluer depuis la papamobile qui jusqu’ici n’a pas été utilisée.

Le programme du pape François

Le programme du pape François en Irak est ambitieux : Bagdad, Najaf, Ur, Mossoul, Qaraqosh, Erbil. De vendredi à lundi, il parcourra 1 445 km dans un pays marqué par des tensions irano-américaines toujours latentes et un nombre record de contaminations au Covid-19. Le trajet se déroulera en voiture blindée et sans bain de foule alors que l’hélicoptère ou l’avion du pape survolera parfois des zones où sont encore présents des jihadistes de l’organisation État islamique. Les Irakiens devront le suivre à la télévision.

  • L’évêque de Rome commencera vendredi à Bagdad par un discours devant les dirigeants du pays, abordant les difficultés sécuritaires ou économiques que subissent les 40 millions d’Irakiens. La situation de la minorité chrétienne sera sûrement évoquée.
  • Il sera ensuite reçu samedi dans la ville sainte de Najaf par le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse pour de nombreux chiites d’Irak et du monde.
  • Le pape se rendra ensuite dans la cité antique d’Ur, le lieu de naissance, selon la Bible, du patriarche Abraham, personnage commun aux trois religions monothéistes. Il y priera avec des musulmans, des Yazidis et des Sanéens (monothéismes préchrétiens).
     
  • François poursuivra son voyage dimanche dans la province de Ninive (nord de l’Irak), le berceau des chrétiens d’Irak. Il se rendra à Mossoul et Qaraqoch, deux villes marquées par les destructions du groupe État islamique.
  • Le souverain pontife présidera dimanche une messe en plein air, en présence de milliers de fidèles, à Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Ce bastion kurde musulman avait ouvert grand ses portes aux centaines de milliers de chrétiens, Yazidis et musulmans fuyant les jihadistes.

Avec AFP

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