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En Côte d’Ivoire, des législatives pour oublier les violences de la présidentielle

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Des partisans du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le parti du président Alassane Ouattara, à Abidjan, le 1er mars. Des partisans du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le parti du président Alassane Ouattara, à Abidjan, le 1er mars.

Quatre mois après une réélection qui a abîmé son image de démocrate et ravivé des tensions communautaires toujours latentes, Alassane Ouattara peut se réjouir d’être arrivé à éteindre le feu de la contestation. La Côte d’Ivoire s’apprête à élire ses députés samedi 6 mars dans un climat qui n’a plus rien à voir avec celui de la présidentielle du 31 octobre 2020. Après les 87 morts officiellement recensés lors de cette dernière, les appels à la « désobéissance civile » pour faire échec au troisième mandat du chef de l’Etat, l’opposition est finalement revenue dans le jeu politique.

Fait notable : pour la première fois depuis 1995, les trois grandes formations qui se sont partagé jusque-là le pouvoir seront en compétition pour les 255 sièges de députés à pourvoir. Si la seule confrontation entre leurs leaders, lors de la présidentielle de 2010, avait dégénéré en guerre civile, personne ne veut imaginer aujourd’hui un scénario catastrophe. « Dans cette ambiance d’avant-match, chacun y va en pensant gagner. Le parti au pouvoir a pour lui les moyens de l’Etat et une présence sur tout le territoire. L’opposition a pris la décision de participer par peur de disparaître, mais c’est au moment du résultat final qu’il faudra tirer les conclusions », prévient un observateur étranger.

Du côté du pouvoir, « l’enjeu est de renforcer notre majorité et de démontrer que notre électorat n’est plus exclusivement nordiste », explique un cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, en référence à l’implantation traditionnelle de son parti. Du côté de l’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-président Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, engagés dans une nouvelle alliance électorale, ont sur le papier de sérieuses chances de perturber les plans présidentiels. Schématiquement, le premier tente de conserver sa prépondérance dans le centre-est du pays – le V Baoulé – alors que le second a pour première nécessité de retrouver des cadres dans ses fiefs du sud et de l’ouest après dix années de boycott.

Le retour de Laurent Gbagbo en toile de fond

« Le pouvoir a eu la majorité lors des dernières législatives grâce à son alliance avec le PDCI et à l’absence du FPI. Maintenant que le PDCI s’est allié avec nous, nous pouvons viser le contrôle de l’Assemblée nationale. L’ambiance s’est apaisée depuis la présidentielle mais nous continuons à nous poser des questions sur la sécurisation et la transparence du processus », indique Michel Gbagbo, candidat à Yopougon, une immense commune d’Abidjan. Le fils de l’ancien président se dit « raisonnablement confiant » sur ses chances et celles de la coalition formée avec le PDCI, tout comme sur le retour prochain de son père en Côte d’Ivoire.

Depuis que la Cour pénale internationale (CPI) l’a acquitté en première instance, la question du retour de Laurent Gbagbo s’est inscrite en toile de fond de toute la vie politique ivoirienne. Alors que des pagnes pour célébrer l’événement tant attendu ont déjà été commandés et que son parti a annoncé sa venue « à partir du 15 mars », l’intéressé a, depuis Bruxelles mardi, envoyé un nouveau message de mobilisation à destination de ses partisans : « Après dix longues années d’absence du pays (…), je serai bientôt avec vous. Avec mon retour, je compte prendre ma place dans le processus de réconciliation nationale et contribuer au rétablissement des liens de fraternité, de convivialité et de solidarité qui ont toujours caractérisé notre peuple. »

Le président Alassane Ouattara n’est pas animé par la même urgence et a déjà prévenu qu’il souhaite que son prédécesseur patiente au moins jusqu’à ce que la CPI se prononce sur un éventuel procès en appel. La décision devrait intervenir d’ici la fin mars. « Si les législatives se passent sans heurts et que l’acquittement est confirmé, le président devrait être prêt à un geste d’apaisement. Gbagbo meurt d’envie de rentrer. Mais, même s’il dit qu’il ne veut pas affronter Ouattara, il a intérêt à négocier son retour sinon il se fera cueillir à son arrivée », décrypte une bonne source.

Interrogation sur le premier ministre

Cette séquence décisive pour la stabilité du pays pourrait survenir après la formation d’un nouveau gouvernement qui devrait être « plus restreint » que l’actuel et sa cinquantaine de membres et permettre « quelques ouvertures ». Dans le contexte du moment, la principale interrogation porte sur le nom de celui qui occupera le poste de premier ministre après les législatives.

L’actuel titulaire du poste, Hamed Bakayoko, fidèle d’entre les fidèles du chef de l’Etat, est depuis le 18 février en soin à Paris. Depuis son départ, les informations les plus inquiétantes circulent sur la santé de ce potentiel successeur du président. Alors que son précédent premier ministre et dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, est mort en juillet, que les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale sont en convalescence à l’étranger ou revenu affaibli au pays, Alassane Ouattara est, à 79 ans, plus seul que jamais aux commandes de la Côte d’Ivoire.

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