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Malgré les violences et la pandémie, le pape François entame une visite historique en Irak

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Publié le : 05/03/2021 – 07:47

Le pape François entame, vendredi 5 mars, une visite historique en Irak, sous très haute protection, dans un contexte marqué par les violences et les restrictions sanitaires. Il s’agit de la toute première visite papale dans ce pays, foyer d’une petite communauté chrétienne traumatisée par les conflits.

Le pape François débute, vendredi 5 mars, une visite historique en Irak, la première pour un souverain pontife, sous très haute protection et malgré la pandémie, dans un pays qui abrite l’une des plus anciennes communauté chrétienne au monde, anéantie par conflits et persécutions.

Le chef de l’Église catholique qui a déclaré qu’il effectuerait la toute première visite papale en Irak en tant que « pèlerin de la paix », tendra également la main aux musulmans chiites, en rencontrant le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité pour de nombreux chiites d’Irak et du monde.

Au cours de cette visite de quatre jours dans plusieurs villes du pays, le pape devrait souvent être seul sur les routes… refaites pour l’occasion, en raison d’un confinement total décrété dans ce pays où le nombre de contaminations a battu cette semaine un record depuis de le début de l’épidémie de Covid-19, avec plus de 5 000 cas par jour.

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Le pape François, qui s’était dit « en cage » ces derniers mois au Vatican tournant au ralenti avec le Covid-19, entamera en voiture blindée un voyage sans bains de foules, « virtuel » pour les Irakiens qui le suivront à la télévision et principalement par les airs pour le pape dont l’hélicoptère ou l’avion survolera parfois des zones où se terrent encore des jihadistes de l’organisation État islamique (OEI).

Ses étapes aux quatre coins du pays rassembleront quelques centaines de personnes seulement, à l’exception d’une messe dimanche dans un stade d’Erbil au Kurdistan, en présence de plusieurs milliers de fidèles ayant réservé leur place à l’avance.

Le programme papal est ambitieux. Bagdad, Najaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh : de vendredi à lundi, il va parcourir 1 445 kilomètres dans un pays encore frappé mercredi par des tirs de roquettes meurtriers, dernier épisode en date des tensions irano-américaines toujours latentes en Irak. 

« Tout laisser, sauf sa foi »

Ce premier voyage à l’étranger en quinze mois permettra à l’évêque de Rome d’aller à la rencontre d’une petite communauté de fidèles aux « périphéries » de la planète, de loin ce qu’il préfère.

Pour Saad, chrétien à Mossoul, ville toujours en reconstruction après la guerre anti-OEI, ce voyage tombe à point dans ce pays qui a vu son taux de pauvreté doubler et passer à 40 % de la population en 2020. « Nous espérons que le pape expliquera au gouvernement qu’il doit aider son peuple », dit-il à l’AFP.

Comme à chaque fois, François commencera vendredi par un discours devant les dirigeants irakiens. Au-delà des difficultés sécuritaires ou économiques que subissent de plein fouet les 40 millions d’Irakiens, ils évoqueront sûrement le traumatisme supplémentaire des chrétiens.

Quand en 2014, l’OEI a pris la plaine de Ninive, bastion chrétien du nord, des dizaines de milliers d’habitants ont fui et peu font désormais confiance à des forces de l’ordre qui les ont alors abandonnés, disent-ils.

« Certains ont eu quelques minutes pour décider s’ils voulaient partir ou être décapités », rappelle le père Karam Qacha. « On a dû tout laisser, sauf notre foi », résume ce prêtre chaldéen à Ninive, dénonçant le peu d’aide du gouvernement aux chrétiens pour récupérer leurs maisons ou leurs terres, souvent accaparées par des miliciens – parfois chrétiens eux-mêmes – ou des proches de politiciens.

Main tendue aux chiites

Mais, se lamente le cardinal Leonardo Sandri, qui chapeaute la « Congrégation pour les églises orientales » au Vatican et accompagne le pape, « un Moyen-Orient sans les chrétiens, c’est un Moyen-Orient qui a la farine, mais pas le levain ni le sel ».

C’est pour ça, dit-il, que le pape François ne manquera pas de les appeler à rester ou à revenir en Irak où ils sont 400 000, contre 1,5 million il y a vingt ans.

Un appel au retour « obligatoire », mais « difficile », convient le cardinal Sandri, tant l’Irak va depuis quarante ans de guerre en crise politique ou économique.

Selon la fondation « Aide à l’Église en détresse », seuls 36 000 des 102 000 chrétiens partis de Ninive sont revenus. Et parmi eux, un tiers dit prévoir de quitter le pays d’ici à 2024 par peur des miliciens et en raison du chômage, de la corruption et des discriminations.

Samedi et pour la première fois de l’histoire, le pape sera reçu dans la ville sainte de Najaf (sud) par le grand ayatollah Ali Sistani en personne, un homme frêle de 90 ans qui n’est jamais apparu en public.

Le pape participera également à une prière à Ur, berceau d’Abraham dans le sud tribal et rural, avec des dignitaires chiites, sunnites, yazidis et sabéens.

Avec AFP

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