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Avant 2003, année de l’invasion américaine et de la chute de Saddam Hussein, les chrétiens étaient estimés entre 1,2 et 1,5 million en Irak. Combien sont-ils aujourd’hui, alors que le pape François est en visite dans ce pays du vendredi 5 au lundi 8 mars, notamment pour conforter ces communautés après les multiples crises qu’elles ont traversées, au milieu de leurs compatriotes musulmans et des autres composantes religieuses du pays – yézidis, kakaïs, mandéens… ?
Selon la manière dont on procède – par soustraction de ceux qui sont à l’étranger, ou par addition des groupes demeurés sur place –, on n’obtient pas le même résultat, explique Faraj-Benoît Camurat, directeur général de Fraternité en Irak, une association de soutien aux minorités religieuses dans le pays. Pour sa part, il évalue leur nombre actuel à 400 000 personnes, soit 1 % de la population irakienne. L’Œuvre d’Orient, association de l’Eglise catholique qui travaille aussi sur place, cite une fourchette de 300 000 à 500 000.
Parmi ces communautés, présentes dans la région depuis les débuts du christianisme, environ 250 000 sont catholiques, qu’ils appartiennent à l’Eglise chaldéenne ou à l’Eglise syriaque (45 000 fidèles dans la plaine de Ninive, selon l’Œuvre d’Orient), et quelque 150 000 sont membres d’autres communautés, dont l’Eglise assyrienne (20 000 fidèles, en majorité dans le nord de l’Irak) et l’Eglise syriaque orthodoxe (25 000, principalement au Kurdistan irakien).
Enlèvements de prêtres
Cette population chrétienne a donc été au moins divisée par trois en moins de vingt ans. Deux décennies marquées par des cycles de violences et, pour ces chrétiens, par « de grands événements qui ont été des traumatismes », relève Faraj-Benoît Camurat. A partir de 2003, de nombreux prêtres sont enlevés puis libérés contre rançon, en particulier à Bagdad et à Mossoul. En janvier 2005, par exemple, l’archevêque de Karakoch, George Camoussa, enlevé non loin de Mossoul, est libéré contre un million de dollars (840 000 euros). Des attentats contre des églises se multiplient. Des commerces sont visés.
Au milieu de ce qui est devenu une guerre civile irakienne, les chrétiens sont durement frappés et marginalisés. En février 2008, l’archevêque chaldéen de Mossoul, Paulos Faraj Rahho, est enlevé et retrouvé mort un mois et demi plus tard. Des quartiers à majorité chrétienne commencent à se vider, comme celui de Dora, à Bagdad. Les chrétiens quittent aussi Bassorah, dans le Sud, ou Mossoul, au Nord. Quand ils ne partent pas à l’étranger, ils se réfugient dans les villages chrétiens de la plaine de Ninive, foyer de peuplement syriaque, ou au Kurdistan irakien, notamment dans le quartier d’Ankawa, à Erbil.
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