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Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) n’a pas manqué de se réjouir. Vendredi 5 mars, le tribunal administratif de Cologne a suspendu sa mise sous surveillance par l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service chargé du renseignement intérieur outre-Rhin.
Le jugement du tribunal administratif a été rendu deux jours après que plusieurs médias allemands ont révélé le classement de l’AfD comme « cas suspect » (Verdachtsfall) par le BfV. L’entrée dans cette catégorie signifie que les responsables locaux et nationaux du parti d’extrême droite – à l’exception des parlementaires et les candidats aux élections – peuvent être mis sur écoute, que leur correspondance peut être interceptée et que ses activités peuvent être espionnées par des informateurs rémunérés par le BfV.
Pour le tribunal administratif, c’est la façon dont cette décision a été rendue publique qui pose problème. Informés de la menace qui planait sur leur parti, les dirigeants de l’AfD avaient en effet pris les devants en déposant plusieurs recours, obligeant le BfV à ne pas communiquer tant que ceux-ci n’avaient pas été examinés par la justice.
Querelles intestines
Si le BfV a effectivement pris soin de ne pas annoncer lui-même sa décision de placer l’AfD sous surveillance, le fait que celle-ci ait fuité au même moment dans plusieurs médias, mercredi matin, fait dire au tribunal administratif que le service du renseignement intérieur n’a pas « pris suffisamment de précautions » pour que cette information reste confidentielle. Pour le tribunal, cette publicité interfère « de façon inacceptable » avec l’égalité des chances dont doivent bénéficier tous les partis politiques.
Sans surprise, l’AfD s’est empressée de saluer la décision du tribunal. « C’est une victoire pour nous, mais aussi pour l’Etat de droit », s’est félicité le coprésident du parti et député européen Jörg Meuthen, ironisant au passage sur « ce service secret qui ne sait pas garder un secret ». Sur les réseaux sociaux, plusieurs figures de l’AfD ont multiplié les jeux de mots sur le même thème de « l’arroseur arrosé », trouvant soudain toutes les vertus à une justice qu’ils n’hésitent pas à fustiger quand celle-ci rend des décisions qui ne vont pas dans leur sens.
Miné par des querelles intestines et empêtré dans plusieurs affaires de malversations, le parti va sans doute tout faire pour exploiter ce jugement afin de redorer son image en cette année où le calendrier électoral est particulièrement chargé en Allemagne, avec des régionales dans six Länder – notamment dans le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie-Palatinat, le 14 mars – et surtout des législatives très attendues, le 26 septembre, puisque celles-ci doivent déboucher sur l’élection du successeur d’Angela Merkel à la chancellerie.
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