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A Bagdad, le pape François rend hommage aux yézidis, « victimes de barbaries insensées »

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Le pape François au palais présidentiel de Bagdad, en Irak, le 5 mars. Le pape François au palais présidentiel de Bagdad, en Irak, le 5 mars.

« Que se taisent les armes ! », a lancé le pape François, vendredi 5 mars à son arrivée en Irak, pour la première visite papale de l’histoire du pays, ravagé par les guerres. S’adressant aux autorités irakiennes – dont le président Barham Saleh –, le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde a évoqué tous les sujets brûlants.

Il est notamment revenu sur le sort de la minorité yézidie, prise pour cible par les membres de l’organisation Etat islamique (EI) à partir de 2014, et dont des milliers de femmes ont été réduites à l’esclavage sexuel.

« Je ne peux pas ne pas rappeler les yézidis, victimes innocentes de barbaries insensées et inhumaines, persécutés en raison de leur appartenance religieuse, dont l’identité même et la survie ont été menacées. »

« Assez de violences, d’extrémismes, d’intolérances », a aussi martelé le souverain pontife. Assez également de la « corruption », qui a conduit des centaines de milliers d’Irakiens à manifester durant des mois fin 2019. A l’époque, le pape avait exhorté l’Irak à cesser de réprimer ses jeunes en demande de justice. Il faut « édifier la justice », a de nouveau plaidé le dignitaire argentin.

Il faut en outre que « personne ne soit considéré comme citoyen de seconde zone », a-t-il fait valoir. Notamment les chrétiens, qui représentent 1 % de la population du pays − ils ne sont plus que 400 000 actuellement, contre 1,5 million il y a vingt ans. Le pape a donc rappelé leur « présence très ancienne sur cette terre », plaidant pour « leur participation à la vie publique » en leur qualité de « citoyens jouissant pleinement de droits, de liberté et de responsabilité ».

Des dizaines de fosses communes

Sous haute protection, circulant seul et masqué sous un strict confinement face à l’épidémie de Covid-19, le pape, âgé de 84 ans, est venu en « pèlerin de paix » réconforter l’une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde, étiolée par violence et pauvreté.

Dimanche, il participera à une prière œcuménique à Ur, dans le sud du pays, berceau du patriarche Abraham (présenté par la tradition comme le père des monothéismes). A ses côtés se tiendront des dignitaires yézidis, chiites, sunnites et sabéens.

Le chef des enquêteurs des Nations unies, Karim Khan, a estimé vendredi que la visite papale délivrait « un message d’union, de paix et de coexistence entre communautés ». « Les visites du Saint-Père à Mossoul et à Karakoch », des villes « ravagées par les crimes de l’EI, seront des instants profonds et personnels pour les chrétiens d’Irak », a-t-il ajouté. Et cela soulignera que « chaque vie compte », a poursuivi le chef d’une mission qui a déjà entamé l’examen de dizaines de fosses communes, notamment yézidies.

« Notre détermination commune à promouvoir la justice, la tolérance et la réconciliation est la meilleure façon de combattre l’héritage de l’EI », a conclu le responsable, présent au moment de l’adresse papale aux hommes politiques et aux diplomates à Bagdad.

Au cours de son séjour − qui s’achèvera lundi au terme de 1 445 km parcourus principalement par les airs pour éviter les zones où se terrent toujours des djihadistes −, François tendra la main aux musulmans en rencontrant le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité de l’islam pour de nombreux chiites d’Irak et du monde.

Le Monde avec AFP

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