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Birmanie : nouvelle journée de manifestations prévue, après la sanglante répression de mercredi

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Une petite barricade est placée autour des taches de sang sur une route de Rangoun le 4 mars 2021. La veille des manifestants ont été abattus et sont morts par balles alors que les forces de sécurité dispersaient une manifestation contre le coup d’Etat militaire. Une petite barricade est placée autour des taches de sang sur une route de Rangoun le 4 mars 2021. La veille des manifestants ont été abattus et sont morts par balles alors que les forces de sécurité dispersaient une manifestation contre le coup d’Etat militaire.

Au lendemain de la journée de répression la plus meurtrière depuis le coup d’Etat, avec au moins 38 manifestants tués d’après l’Organisation des Nations unies (ONU), les manifestants continuent à descendre dans les rues en Birmanie, mais la peur est dans tous les esprits.

D’après la presse locale, la police a ouvert le feu jeudi matin pour disperser des manifestants à Pathein, ville située à l’ouest de Rangoun. Aucune victime n’a été rapportée dans l’immédiat. A Rangoun, la capitale économique, de petits rassemblements se sont formés, les manifestants ont érigé des barricades et déployé des draps pour empêcher les policiers de viser les manifestants. « Nous sommes unis ! », scandent les contestataires, protégés derrière des barricades de fortune construites avec de vieux pneus, des briques, des sacs de sable, du bambou et du fil de fer barbelé.

« Hier a été une journée horrible… C’est très triste de constater que l’armée birmane n’a pas changé » depuis soixante ans, déclare Thinzar Shunlei Yi, militante, qui ajoute qu’elle continuerait à protester à San Chaung, un quartier résidentiel de Rangoun. Ces derniers jours, San Chaung a vu ses rues transformées en barricades faites de sacs de sable, de pneus, de briques et de fils barbelés.

Non loin de là des commerçants se dépêchent d’écouler une partie de leur marchandise. « C’est dangereux de rester ici. La police et l’armée tirent aussi dans les rues. Il vaut mieux rentrer à la maison et revenir le soir », explique un vendeur de nourriture.

Des manifestants se protègent derrière des poubelles, jeudi 4 mars, à Rangoun, en Birmanie. Des manifestants se protègent derrière des poubelles, jeudi 4 mars, à Rangoun, en Birmanie.

Les passants marchaient sur des posters du chef de la junte, Min Aung Hlaing, collés au sol, une ruse pour gêner les forces de l’ordre, qui n’oseront pas faire de même. « Maintenant, notre devoir est de résister », a ajouté Thinzar Shunlei Yi.

L’armée semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde qui souffle sur le pays depuis son coup d’Etat du 1er février contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.

L’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, la Suissesse Christine Schraner Burgener, s’est entretenue avec la junte, l’avertissant que les Nations unies « pourraient prendre des mesures importantes », pour tenter de mettre un terme à la violence. Elle a aussi proposé de se rendre en Birmanie, l’armée lui rétorquant qu’elle était la bienvenue, mais « pas maintenant ».

Funérailles d’une victime

Les funérailles d’un des manifestants tués mercredi à Mandalay Les funérailles d’un des manifestants tués mercredi à Mandalay

Une foule importante s’est rassemblée jeudi à Mandalay, deuxième ville du pays, pour les funérailles d’une jeune fille de 19 ans, morte la veille. « Il n’y aura pas de pardon pour vous jusqu’à la fin du monde », a chanté l’assemblée, réunie devant son cercueil entouré de fleurs.

Kyal Sin est devenue un symbole dans le pays : une photo où on la voit, peu de temps avant d’être visée par un tir mortel, porter un tee-shirt : « Tout ira bien », est devenue virale sur les réseaux sociaux. Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a annoncé mettre les drapeaux en berne dans ses bureaux pour commémorer les morts.

Mercredi, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles dans plusieurs villes pour disperser des rassemblements contre le coup d’Etat, des images diffusés sur les réseaux sociaux montrant des manifestants couverts de sang et blessés par balles à la tête.

Bilan, au moins 38 morts, selon Mme Schraner Burgener. Plus de 50 civils ont été tués et des dizaines blessés depuis le putsch. Parmi les victimes, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d’après l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children. L’armée rapporte qu’un policier est mort en dispersant une manifestation.

Près de 1 500 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées depuis le 1er février, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques, un nombre qui est sans doute largement sous-évalué.

Le Monde avec AFP et Reuters

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