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« En Amérique latine, l’eau est symbole de vie et le moteur d’une résistance populaire »

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Tribune. En Equateur, l’élection présidentielle en cours est historique pour l’indigénisme et l’écologie, en Amérique latine et au-delà. A l’issue du premier tour, le 7 février, Andres Arauz, candidat socialiste soutenu par l’ancien président Rafael Correa (2007-2017), est largement arrivé en tête. C’est le conservateur Guillermo Lasso qui l’affrontera au second tour, le 11 avril. Mais Yaku Sacha Pérez Guartambel, militant écologiste d’origine indigène, a d’ores et déjà créé la surprise. Il a obtenu un résultat qu’aucun sondage ne laissait présager : troisième, manquant le second tour pour moins de 0,4 % des suffrages. Dénonçant une fraude, il avait alors appelé au recomptage des voix.

Le nom qu’il s’est choisi signifie « eau de la montagne » en quechua. Dans un pays marqué par une vague de mobilisations à l’automne 2019, puis fortement touché par la pandémie, Yaku Pérez, originaire de la province d’Azuay dans la cordillère des Andes, représente le mouvement Pachakutik, un parti issu de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur. Son succès électoral met en lumière une thématique écologique de plus en plus visible dans le débat public : celle de l’eau.

Défense des ressources naturelles

Défenseur des cultures indiennes, Yaku Pérez s’est fait connaître en s’opposant à plusieurs tentatives de privatisation de l’eau. Incarcéré cinq fois après des affrontements avec des entreprises d’extraction minière ou lors de manifestations contre des lois sur l’eau, il a rejoint le parti Pachakutik en 2019. Il est ensuite élu prefecto de sa région d’origine, avec un programme marqué par la défense des ressources naturelles menacées par les activités minières.

C’était aussi le cœur de son programme présidentiel : « La terre est un être vivant, tout comme l’eau est un être vivant. La pierre n’est pas muette, elle garde simplement le silence », répète-t-il sur les réseaux sociaux, entre marches pour la défense de la nature et randonnées à vélo, un moyen de transport qu’il a contribué à populariser en tant que préfet.

Comment expliquer ce succès de l’écologie en Equateur ? Deux raisons à cela : à l’échelle de la région latino-américaine d’abord, l’eau, ressource stratégique, a acquis une visibilité majeure ces dernières années ; au niveau national ensuite, car le pays s’est fait le chantre du buen vivir, le « bien-vivre », inscrit en 2008 dans la Constitution, après l’arrivée au pouvoir de Rafael Correa, en 2007.

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