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C’est le récit de « l’horreur et de la peur, des enfants qui pleurent et des gens qui courent », « la sidération à la vue des cadavres et le bruit des bombardements », selon des témoignages à l’appui de la plainte déposée à Paris lundi 1er mars pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre ». C’est la première fois qu’une procédure vise le régime de Bachar Al-Assad en France pour l’utilisation d’armes chimiques contre sa population.
Elle concerne deux attaques chimiques commises dans la Ghouta orientale, près de Damas, dans le courant du mois d’août 2013. Celles des 4 et 5 août 2013 sur Adra et Douma ont fait au moins 450 blessés. Les bombardements de la nuit du 20 au 21 août 2013 ont, eux, marqué un tournant supplémentaire par leur violence, faisant plus de 1 000 morts et plusieurs milliers de blessés.
« Une pratique systématique »
Parmi les survivants de ces attaques qui témoignent figure une victime franco-syrienne, épaulée par le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), qui s’est, lui aussi, constitué partie civile. Pour les plaignants, réprésentés par les avocates Jeanne Sulzer et Clémence Witt, la loi pénale française est applicable et les juridictions françaises sont compétentes pour connaître des faits qu’ils dénoncent. Cette plainte s’ajoute à un dossier syrien déjà épais, dénonçant d’autres crimes – dont des tortures et des disparitions forcées – commis par le régime, et à une procédure similaire lancée en Allemagne fin octobre 2020.
Appuyée par de nombreuses dépositions de survivants, de témoins issus du cœur même de l’appareil de sécurité, et soutenue par plusieurs organisations, dont le Centre pour la documentation des violations en Syrie (Violation Documentation Center, VDC) qui avait ses bureaux à Douma, la plainte dénonce un mode opératoire érigé en stratégie par le pouvoir pour reprendre des territoires alors sous contrôle de la rébellion.
Elle décrit les habitants courant des toits des immeubles aux sous-sols, pris en tenailles par les tirs d’artillerie conventionnels et des attaques au sarin, un neurotoxique mortel, qui se répand plus bas dans les étages. A cause de l’intensité des bombardements, la famille de l’une des survivantes n’a pas pu se réfugier sur le toit de sa demeure pour se protéger du gaz. Un témoin évoque les corps inertes qui jalonnent sa route, les cadavres empilés à l’hôpital et jusque dans la rue, les femmes, les enfants et les hommes qui étouffent, se tordent, vomissent, des « personnes qui frappaient les murs », empoisonnées au sarin.
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