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Une élue écologiste autrichienne face à la haine en ligne

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LETTRE DE VIENNE

Sigrid Maurer, présidente du groupe des Verts au Parlement autrichien, lors d’une session à Vienne, le 13 mai 2020. Sigrid Maurer, présidente du groupe des Verts au Parlement autrichien, lors d’une session à Vienne, le 13 mai 2020.

Mercredi 17 février, toute l’Autriche avait les yeux rivés sur la petite salle 203 du tribunal pénal de Vienne. Dans ces quelques dizaines de mètres carrés s’est joué l’épilogue d’une procédure qualifiée de « farce » ou de « procès absurde » par la plupart des grands médias du pays. Cette « farce » aux dessous profondément sexistes a pourtant très sérieusement occupé le système judiciaire autrichien pendant deux ans et demi.

L’enjeu ? La façon dont celle qui était, au moment des faits, une simple militante écologiste, a dénoncé des insultes sexuelles qu’elle avait reçues sur Facebook, puis s’était fait condamner pour avoir… diffamé son agresseur !

Sigrid Maurer est désormais, à 35 ans, la présidente du groupe des Verts au Parlement. A ce titre, elle est l’une des principales figures de la coalition écolo-conservatrice au pouvoir depuis début 2020 en Autriche, ce qui n’a fait qu’accroître l’attention accordée à cette affaire.

Messages crus et violents

Mais revenons en 2018. En mai de cette année-là, cette féministe au passé de syndicaliste étudiante, déjà passé par un premier mandat parlementaire pour les Verts, avait publié une série de posts sur Facebook pour dénoncer les messages qu’elle avait reçus de la part du propriétaire d’un magasin de bières devant lequel elle passait tous les jours. Ces messages, dont la teneur sexuelle particulièrement crue et violente empêche ici la reproduction, lui avait été adressés depuis le compte Facebook du magasin après de multiples altercations au sujet de l’occupation du trottoir devant la devanture.

« Hier après-midi, j’ai dû à nouveau essayer de passer entre [le propriétaire du commerce] et ses amis une situation dont ils ont profité pour me provoquer. Une demi-heure plus tard, [il] m’a envoyé les messages ci-dessous sur Facebook », avait-elle écrit, en postant lesdits messages et en donnant l’identité de son agresseur. Et de préciser qu’il « a un petit magasin à bières dans le 8e arrondissement de Vienne », dont elle a donné l’adresse exacte.

Celui-ci a alors décidé de porter plainte pour diffamation contre Mme Maurer, en assurant qu’il n’était pas l’auteur des messages. Selon lui, le compte Facebook de son enseigne serait, en effet, à la libre disposition de tous ses clients sur l’ordinateur du comptoir.

Ici s’impose une digression. Par crainte des dispositions très protectrices en matière de données personnelles, la presse autrichienne a gardé, tout au long de l’affaire, l’identité du commerçant secrète, allant même jusqu’à flouter son image à la télévision. Cette prudence a empêché de nombreux lecteurs de savoir que, derrière cet anonymat, se cache un adepte de sites d’extrême droite qualifiés de « médias indépendants » sur son site Internet et que sa boutique est installée dans un immeuble qui appartient à une corporation estudiantine proche du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite). Sur Internet, son magasin est toutefois facilement identifiable, preuve en est le tombereau de commentaires négatifs figurant sur Google.

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