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Tournoi des Six Nations : la Fédération française de rugby tente de sortir de la crise du Covid-19

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Publié le : 02/03/2021 – 18:37

Sommée de s’expliquer sur l’apparition de nombreux cas positifs au sein du XV de France, la Fédération française de rugby doit remettre mardi un rapport d’enquête au ministère des Sports. Elle espère que ses explications lui permettront de sortir de cette mauvaise passe et de préparer la prochaine rencontre des Bleus contre l’Angleterre, prévue le 13 mars.

Chez les amateurs de rugby, la « gaufre » fait partie de la palette classique de mots utilisés pour désigner un coup de poing, tout comme la mornifle ou le parpaing. Mais ce terme a pris un sacré coup de jeune ces dernières semaines avec l’apparition du #gaufregate sur les réseaux sociaux, dans le sillage de l’annonce de nombreuses contaminations au Covid-19 au sein de l’équipe de France.

Ce hashtag avait cette fois à voir avec la pâtisserie et le déplacement des Bleus à Rome le 6 février, pour affronter l’Italie. Plusieurs joueurs ont choisi d’aller déguster des gaufres dans la capitale italienne. Une sortie qui, trois semaines après, s’est retrouvée dans le collimateur des autorités chargées de faire respecter les règles sanitaires décidées pour cette compétition. Car les Bleus se doivent de respecter une « bulle sanitaire » face à la pandémie de Covid-19 pendant le Tournoi des Six Nations.

« Je ne pense pas qu’il était marqué dans le protocole que les joueurs allaient pouvoir manger des gaufres. Ou en tout cas, s’ils sortaient manger des gaufres, il fallait les retester lorsqu’ils revenaient dans la bulle au contact des autres. Donc on veut savoir si cela a été fait car ce sont les conditions d’entrée et de sortie dans la bulle qui font qu’il y a une bulle », avait déclaré la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, le 26 février sur BFMTV.

Cette question fait partie des nombreuses interrogations de la ministre des Sports au sujet de l’apparition d’un cluster au sein du XV de France, qui a conduit au report du match contre l’Écosse prévu le 28 février au Stade de France. C’est dans ce cadre que le président de la Fédération française de rugby (FFR) a été chargé de mener une enquête pour déterminer l’origine des contaminations et pointer d’éventuelles violations du protocole.

Une « bulle sanitaire » perméable

La teneur de ce document est précieuse, étant donné que Roxana Maracineanu a brandi la menace de retirer à la FFR le droit de participer à la compétition européenne la plus prestigieuse. « S‘il n’y a rien qui se passe et si on ne recherche pas cette chaîne de contamination et que l’on n’explique pas comment ça a pu arriver, l’autorisation accordée à l’équipe de France peut-être retirée », a-t-elle prévenu.

Conscient de l’urgence de la situation, le président de la FFR, Bernard Laporte, s’affaire depuis une dizaine de jours pour se montrer rassurant. Lui qui affirmait mi-janvier que la Fédération allait se montrer « exemplaire » en respectant scrupuleusement « la bulle sanitaire » mise en place autour des Bleus, essaie d’expliquer comment plusieurs clusters se sont développés, pratiquement au même moment, au sein de quatre équipes de France (féminines, moins de 20 ans, hommes et rugby à 7).

Dans les différentes interviews qu’il a accordées, il a répété que cette « bulle sanitaire » n’impliquait pas une isolation totale des joueurs à condition de porter un masque, à l’instar du sélectionneur Fabien Galthié. Ce dernier s’est autorisé une sortie au stade Jean Bouin, situé dans l’ouest parisien, au lendemain du retour de Rome, pour aller voir jouer son fils venu avec les espoirs de Colomiers affronter le Stade français.

Si l’emploi du temps de Fabien Galthié est étudié avec beaucoup d’attention, c’est parce qu’il a été l’un des premiers à être contrôlé positif, le 16 février. D’autres membres de l’encadrement ont alors également révélé avoir été contaminés, avant que le demi-de-mêlée Antoine Dupont ne fasse de même trois jours plus tard. Et la cascade de cas qui a suivi a obligé la FFR à demander un report de la rencontre contre les Écossais, qui pourrait être rejouée fin mars.

Un contexte délicat pour les joueurs

Le rapport confié à Christian Dullin, secrétaire général de la FFR, est censé expliquer l’origine de ces contaminations et comment ils pensent pouvoir les éviter à l’avenir. Ils ont déjà annoncé qu’ils renonceraient à faire appel à des joueurs extérieurs au groupe France lors des entraînements en opposition, cette pratique ayant probablement favorisé le développement des clusters. Et les joueurs internationaux disposeront, à l’avenir, d’une liberté de mouvement encore plus réduite.

Le rugby français joue sa crédibilité internationale, les autres nations participant au Tournoi des Six Nations n’ayant pas, à ce jour, de cluster à déplorer. Mais le président de la FFR joue gros également. D’une part car il est lui même pointé du doigt pour son manque de rigueur dans l’application des règles de prévention. Selon le quotidien L’Équipe, il aurait ainsi pris un vol commercial pour Rome, tandis que le reste du groupe se déplaçait, comme convenu avec la Cellule interministérielle de crise (CIC), en avion privé. D’autre part, il devra démontrer sa capacité à gérer efficacement cette crise, en prenant notamment des sanctions si elles s’imposent.

Les détracteurs du président de la FFR soulignent les errements de Bernard Laporte et de son vice-président, Serge Simon, qui assume le rôle de « Covid-manager », et demandent la réalisation d’une enquête indépendante et transparente. Malmené, Bernard Laporte a d’ailleurs précisé dans l’émission Stade 2 avoir demandé aux joueurs de ne pas « colporter de rumeurs » et de savoir faire preuve de « solidarité » dans cette crise », sous peine de devoir quitter le groupe France.

Il reste à voir si les fortes tensions qui règnent actuellement au sein de la Fédération et de l’équipe de France peuvent rejaillir sur les performances des joueurs français, auteurs d’un beau début de Tournoi avec deux victoires en Italie et en Irlande. Les sélectionnés s’apprêtent à revenir au Centre national de Rugby de Marcoussis, en région parisienne, pour préparer la prochaine rencontre du XV de France, prévue le 13 mars à Londres contre l’Angleterre. À condition bien sûr que cette crise sanitaire prenne fin et que ce XV de France ambitieux puisse continuer à disputer le Tournoi.

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