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L’homme qui voulait faire de Taïwan un pays viticole

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Par Alice Hérait

Publié aujourd’hui à 18h00

Comment imaginer développer la viticulture sur des terres qui ne connaissent pas l’hiver et sont meurtries par cinq typhons par an en moyenne ? L’île de Taïwan est en effet bien plus réputée pour son thé et sa street food que pour ses vignes. Produire du vin, c’est toujours possible, mais du très bon vin, c’est une autre histoire. Du reste, la plupart des bouteilles que l’on trouve dans le pays sont plus proches de la piquette que des grands crus.

C’est dans ce contexte que le Vino Formosa, un vin blanc liquoreux, et le Vino Formosa Rosso, son équivalent en rouge, conçus par l’excentrique Chien-hao Chen, font exception – leur nom évoque l’ancienne appellation de l’île, Formose. Nous avons rencontré le vigneron de 53 ans à la fin du mois d’octobre 2020, sous un soleil qui tapait fort. Le domaine viticole a pour nom Shu-sheng, il est situé en périphérie de Taichung, la deuxième ville de Taïwan avec 2,8 millions d’habitants. Chien-hao Chen nous fait visiter ses cinq hectares de vignes. A l’exception des caractères chinois qui indiquent le nom du domaine, nous pourrions facilement nous imaginer passer un après-midi d’été dans la région de Perpignan.

Dans un français quasi parfait et teinté d’un accent taïwanais bien reconnaissable, celui qui cumule les métiers d’œnologue, de viticulteur et de sommelier – ce n’est pas courant – nous résume son parcours atypique. Il part en Suisse pour trouver sa voie et débute sa formation aux métiers de bouche en 1992 à l’école hôtelière Les Roches dans le Valais. C’est de là que date sa première gorgée de vin. Il en retient un épisode qui l’amuse encore : il avait suscité l’indignation d’un de ses professeurs en lui proposant naïvement de couper le vin avec du jus d’orange. Il travaille un an comme chef dans un restaurant asiatique à Lausanne. Puis part en 1996 étudier plus précisément le vin à Dijon et obtient un diplôme universitaire de technicien en œnologie. Il est le seul élève asiatique de sa classe. Et doit s’imposer, faire entendre sa voix parmi les enfants de viticulteurs.

Seul diplômé en viticulture

Chien-hao Chen peut alors retourner à Taïwan, prêt à travailler la vigne, dans un pays où tout est à faire. Nous sommes au milieu des années 2000. La production d’alcool en indépendant n’y est autorisée que depuis 2002. Auparavant, elle était un monopole d’Etat. Et c’est l’Etat qui invite M. Chen, seul diplômé en viticulture de Taïwan, à diriger la production des vignes du domaine Shu-sheng. D’un abord enjoué, le nouveau viticulteur précise dans un rire : « Après la libéralisation de la production d’alcool, j’étais le seul Taïwanais à avoir étudié l’œnologie et la viticulture en France ! »

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