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En Birmanie, « les ONG doivent convaincre les donateurs de continuer à financer des opérations dans un pays aux mains des militaires »

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A Mandalay (Birmanie), le 10 février 2021. A Mandalay (Birmanie), le 10 février 2021.

Chronique. Le coup d’Etat en Birmanie met en péril l’aide humanitaire dont dépendent près de 1 million d’habitants. Le pays « est en prise avec des problèmes humanitaires profonds », alertait fin janvier le coordinateur des Nations unies pour l’aide internationale, quelques jours seulement avant la prise du pouvoir par l’armée.

La Birmanie compte en effet 470 000 apatrides rohingya, une minorité musulmane persécutée, dont près de 120 000 vivent confinés dans des camps, et près de 340 000 personnes déplacées par des conflits armés dans les Etats Kachin, Shan, de Rakhine, Chin ou encore de Kayin. L’aide humanitaire est d’autant plus cruciale que le pays a été durement frappé par la crise sanitaire et économique due au Covid-19. La pauvreté a augmenté et les infrastructures médicales sont saturées.

Dans les jours qui ont suivi le coup d’Etat, les ONG ont craint que l’armée n’impose des restrictions ou n’interfère dans leurs opérations, au risque de compromettre la neutralité dont elles ont besoin pour aider les populations civiles dans les territoires contrôlés par des groupes ethniques armés. Ces craintes se sont légèrement dissipées.

« Nous avons eu facilement des laissez-passer pour nous rendre dans l’Etat de Rakhine, témoigne depuis le Myanmar la responsable d’une ONG, comme si l’armée voulait montrer à la communauté internationale qu’elle était capable de gérer le pays et de nous laisser travailler normalement. » Les difficultés rencontrées concernent plutôt l’approvisionnement en matériel, nourriture ou médicaments, ou le paiement des employés en raison de la fermeture de banques.

Communiquer avec la junte

Certaines organisations, comme Médecins sans frontières (MSF), sont dans une position plus délicate. Début février, le personnel de 70 hôpitaux et services médicaux dans 30 villes du pays a cessé le travail en guise de protestation contre le coup d’Etat. Cette participation à un mouvement de désobéissance civile leur a valu de nombreuses arrestations.

« Les restrictions imposées dans le sillage de l’état d’urgence peuvent potentiellement interrompre les soins dont des vies dépendent et que MSF et d’autres dispensent aux populations les plus vulnérables du Myanmar », a prévenu MSF dans un communiqué publié mi-février, tout en précisant que son travail était « impartial ». Dimanche 28 février, la répression contre les manifestants a fait au moins 18 morts.

La relation avec les donateurs privés ou gouvernementaux est tout aussi délicate. Les organisations doivent les convaincre de continuer à financer des opérations dans un pays aux mains des militaires. Les Nations unies avaient lancé, fin janvier, un appel à la communauté internationale pour mobiliser 276 millions de dollars d’aide humanitaire. En dépit de la situation politique, l’Union européenne a annoncé, fin février, le versement de 11,5 millions d’euros, et de 3 millions destinés à la protection des Rohingya au Myanmar et au Bangladesh.

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