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Ahmed Zaki Yamani, architecte de la puissance pétrolière saoudienne, est mort

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Ahmed Zaki Yamani, à Doha, le 14 décembre 1976. Ahmed Zaki Yamani, à Doha, le 14 décembre 1976.

Il a transformé l’Arabie saoudite en Etat pétrolier et secoué l’économie mondiale en provoquant le premier choc pétrolier en 1973. Ahmed Zaki Yamani, ancien ministre saoudien du pétrole, est mort lundi 22 février, à Londres, à l’âge de 90 ans. Pendant vingt-quatre ans, de 1962 à 1986, il a régné en maître sur l’or noir saoudien et sa diplomatie économique, comme inamovible ministre du pétrole. « Yamani est devenu le représentant, et le symbole, du nouvel âge du pétrole », écrit Daniel Yergin dans Les Hommes du pétrole (Stock, 1991), qui rappelle que son visage était devenu familier du monde entier au moment du premier choc pétrolier en 1973.

Diplômé de l’université du Caire, de la New York University et de Harvard aux Etats-Unis, il fut le premier représentant saoudien à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Après la défaite égyptienne et syrienne lors de la guerre du Kippour contre Israël, les pays arabes décident d’utiliser l’arme pétrolière pour pousser les Occidentaux à cesser leur soutien à l’Etat juif et obliger Tel-Aviv à mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens.

Les pays de l’OPEP espéraient qu’une hausse brutale des prix ferait plier les Américains, décisifs dans la victoire israélienne

Connu pour ses positions modérées et ses bonnes relations avec les Etats-Unis, Ahmed Zaki Yamani sera l’architecte de cette stratégie qui va changer structurellement les marchés pétroliers, en provoquant une crise majeure. Les pays de l’OPEP espéraient qu’une hausse brutale des prix ferait plier les Américains, décisifs dans la victoire israélienne. De fait, l’impact est majeur sur les économies européennes, japonaise et américaine. Le baril passe de 3 dollars à plus de 5, Washington est privé du pétrole saoudien et les exportations sont limitées. Les Etats-Unis doivent imposer le rationnement à la pompe, des économies d’énergie et le contrôle des prix de l’essence. Le cheikh Yamani devient alors le visage de l’intransigeance pour les médias occidentaux.

Avocat de la stabilité des prix

L’histoire retient souvent que cette décision de l’OPEP signe la fin brutale des « trente glorieuses ». Une version désormais nuancée par les économistes et les observateurs du secteur pétrolier, comme le note le journaliste Matthieu Auzanneau dans son ouvrage de référence Or noir, la grande histoire du pétrole (La Découverte, 2015) : « Cette conception très largement répandue de pays arabes de l’OPEP seuls comptables et bénéficiaires du choc pétrolier de 1973 (…) apparaît pour le moins injuste. » A l’époque, la production américaine de pétrole est déjà déclinante et, surtout, le prix auquel se vend le pétrole saoudien aux Occidentaux et aux Japonais est dérisoire. L’embargo, loin d’être d’abord un geste politique de solidarité avec les Palestiniens, est un calcul économique et diplomatique de la part de l’Arabie saoudite, mais aussi de l’Iran, alors allié des Américains, dans un complexe jeu géopolitique.

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