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Au Salvador, Nayib Bukele revendique la victoire aux législatives

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Nayib Bukele, le président salvadorien lors d’une conférence de presse dans un hôtel de San Salvador, le 28 février 2021. Nayib Bukele, le président salvadorien lors d’une conférence de presse dans un hôtel de San Salvador, le 28 février 2021.

C’est une victoire absolue pour le président salvadorien, Nayib Bukele. Et un bouleversement total et inédit du paysage électoral de ce petit pays d’Amérique centrale, dominé depuis trente ans par deux partis, le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN, gauche) et l’Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite).

La jeune formation du chef de l’Etat, Nuevas Ideas, devrait remporter haut la main les élections législatives du dimanche 28 février, selon des résultats encore partiels. Une majorité suffisante pour obtenir, seule ou en coalition avec le parti GANA (Grande Alliance pour l’unité nationale) qui avait porté M. Bukele au pouvoir en 2019, les deux tiers des sièges de l’Assemblée nationale (AN). Donnant ainsi au président, accusé de dérive autoritaire, les clés pour un gouvernement sans opposition.

Si les résultats se confirment, le FMLN et Arena, qui dominaient l’AN jusqu’à présent, seront littéralement effacés de la scène politique. M. Bukele, 39 ans, casquette blanche vissée à l’envers sur la tête et blouson kaki, s’est octroyé la victoire dès dimanche soir, alors que seuls 0,09 % des bulletins avaient été dépouillés.

Réduction du taux d’homicides

« Jusqu’ici, les attaques constantes du président contre l’Etat de droit ont été contrebalancées par des contre-pouvoirs efficaces : la Cour constitutionnelle, une presse indépendante qui ne se laisse pas intimider, l’Assemblée nationale », analyse José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de l’organisation Human Rights Watch (HRW).

Avec la majorité parlementaire des deux tiers, Nayib Bukele pourra désormais choisir à sa guise la composition de la Cour suprême, du tribunal électoral – qu’il n’a eu de cesse d’accuser de fraude –, changer le procureur général et le défenseur des droits, bref, remplacer ses critiques les plus acerbes. Et, au passage, tailler une Constitution à sa mesure pour se présenter à la présidentielle de 2024, ce qui lui est impossible actuellement.

Surfant sur le désenchantement de la population face aux deux partis historiques aussi corrompus l’un que l’autre (les trois présidents qui ont gouverné le pays entre 1999 et 2014 ont été emprisonnés ou sont en fuite), le charismatique Nayib Bukele s’était présenté comme un outsider, « ni de droite ni de gauche », incarnant l’espoir d’un renouveau.

Deux ans plus tard, les électeurs ont récompensé dans les urnes son impressionnant succès dans la réduction du taux d’homicides, un des plus élevés au monde, passé de 50 pour 100 000 habitants en 2019 à 19 en 2020. Et qu’importe si le média indépendant El Faro a révélé que ce résultat est le fruit d’un accord entre le gouvernement et les gangs, en particulier la MS13 – ce que M. Bukele nie farouchement. La gestion de l’épidémie due au coronavirus récolte, elle aussi, des éloges. Même si cela a été au prix du confinement obligatoire de 16 000 personnes, positives ou pas, dans des camps insalubres, pendant des semaines.

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