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L’administration Biden est un rouleau compresseur qui aurait chaussé des patins. Elle avance à bas bruit, mais elle avance. Un mois après son arrivée à la Maison Blanche, elle a écrasé tout ce qu’elle pouvait du legs de la précédente. Il y a eu tout d’abord la pluie de décrets présidentiels permettant d’annuler ceux signés en son temps par Donald Trump, puis une offensive méthodique sur les mots.
L’heure est à la revanche de ceux qui avaient été épurés sans ménagement : « sans-papiers » remplace « étrangers illégaux », « changement climatique » prend la place de « magnifique charbon », ou de « charbon propre ». Autrefois banni, le mot « science » saute aujourd’hui au visage du visiteur qui s’aventure sur le site de l’Agence de protection de l’environnement, transformée pendant quatre ans en lobby pour les énergies fossiles.
Comme l’a noté de New York Times, celui du Bureau of Land Management, chargé de l’administration des terres fédérales au sein du département de l’intérieur, s’ouvre désormais sur un coucher de soleil bucolique contemplé par une randonneuse. Il a remplacé la vue d’une mine de charbon à ciel ouvert du Wyoming que la précédente administration avait imposé dès avril 2017 à la place d’un crépuscule similaire à l’actuel où figuraient déjà un marcheur et son fils.
Parler au plus grand nombre possible
La Casa Blanca, version espagnole supprimée en 2017 du site de la Maison Blanche avait réapparu aussitôt la prestation de serment de Joe Biden. Le grand panneau installé dans le hall du département d’Etat qui invitait les fonctionnaires à se comporter en « champions de la diplomatie américaine » et de « l’Amérique d’abord » sur un ton proche de l’admonestation dans ce repaire supposé de progressistes, avait également été escamoté avant même l’arrivée du nouveau secrétaire d’Etat Tony Blinken.
Au chapitre des identités sexuelles, les transgenres qui avaient été priés de disparaître pendant quatre ans vont pouvoir réintégrer l’armée et ont dorénavant les traits de Rachel Levine. Auditionnée cette semaine au Sénat, cette médecin qui s’identifie depuis une décennie comme femme, bardée de diplômes et ancienne secrétaire à la santé de l’Etat de Pennsylvanie, devrait devenir l’adjointe de celui du gouvernement fédéral, au grand dam des sénateurs républicains les plus conservateurs.
Ces batailles sémantiques et symboliques sont évidemment éclipsées par celle conduite au Congrès pour faire adopter un gargantuesque plan de soutien porté pour l’instant par une solide majorité de l’opinion américaine, mais elles n’en sont pas moins stratégiques. Elles constituent le mur de soutènement du pari de Joe Biden : celui de parler au plus grand nombre possible, contrairement au choix exclusif de sa base qu’avait fait son prédécesseur avec le succès que l’on sait.
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