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LA BCE verdit doucement sa politique monétaire

Depuis quelques mois, le discours des banques centrales verdit. C’est heureux pour la transition écologique. Reste à passer des mots aux actes. Première à inscrire le changement climatique dans sa revue stratégique, la Banque centrale européenne (BCE) ne tient plus le climat à distance de son mandat. Fini, les discours sur sa neutralité qui l’empêcherait d’avoir une approche sélective dans ses achats de titres financiers. En octobre dernier, Christine Lagarde, sa présidente, affirmait sa volonté de « s’interroger sur l’action légitime d’une banque centrale pour participer à la lutte contre le changement climatique ». Plus récemment, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, déclarait: « La prise en compte du changement climatique par l’Eurosystème n’est ni un abus de mission ni une simple conviction militante ou une mode; c’est un impératif. »

Jusqu’à il y a peu, les banquiers centraux faisaient valoir les risques financiers induits par le réchauffement climatique en les mesurant. Cette approche issue d’un discours de Mark Carney, ex-gouverneur de la Banque d’Angleterre, en septembre 2015, a toutefois le défaut de s’enliser dans des estimations des pertes au centime près, sans jamais déboucher sur l’action nécessaire pour les éviter.

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Il semblerait qu’un changement plus favorable à l’action s’amorce. Les banquiers centraux de l’Eurosystème réalisent

que le changement climatique menace aussi la stabilité monétaire, au cœur du mandat de la BCE, et la stabilité économique. Nul doute qu’une crise climatique plongerait nos économies dans un chaos monétaire et économique, bien au-delà du choc provoqué par la crise sanitaire.

Les options ne manquent pas pour verdir la politique monétaire. Elles sont plutôt « vert clair » et visent à tenir compte du risque climatique dans les achats de titres. Les banques centrales adoptent une gestion plus responsable en privilégiant dans leurs achats les titres émis par les entreprises, les moins mal alignées sur la trajectoire fixée par l’Accord de Paris.

Au-delà, on pourrait imaginer que verdissent aussi les achats de titres publics, la BCE rachetant ceux émis spécialement par les Etats pour des investissements dans la transition écologique, comme la rénovation thermique des bâtiments. On pourrait aussi imaginer que la Banque centrale participe directement au financement de la transition écologique en versant aux Etats une part des dépenses votées par les parlements nationaux. Une option proscrite, pour l’instant, qui chamboulerait le mandat de la BCE. Mais qui serait la bienvenue. 

Jézabel Couppey-Soubeyranmaître de conférences à Paris 1 et conseillère à l’Institut Veblen

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