« Je devais le voir, ils ont pris mes papiers et m’ont fait attendre trois heures avant de m’annoncer qu’Alexeï avait quitté la prison, sans me dire où il avait été envoyé comme le veut la loi », expliquait jeudi 25 février, Vadim Kobzev, avocat d’Alexeï Navalny. Ce n’est pas la première fois que les services pénitentiaires « oublient » de donner des nouvelles de l’opposant. Mais désormais, plus encore qu’à l’accoutumée, ses proches craignent pour sa vie. Dès jeudi soir, un mot-dièse était lancé sur les réseaux sociaux, #OùEstNavalny, avec un appel à témoin pour le localiser.
Condamné le 20 février à trois ans et demi de prison – deux ans et huit mois compte tenu de la peine déjà effectuée –, le principal opposant du Kremlin a, semble-t-il, rejoint la colonie dans laquelle il purgera le reste de sa détention. C’est la règle en Russie : une fois le jugement prononcé, les détenus quittent la prison préventive pour rejoindre un camp pénitentiaire à « régime normal » – comme c’est le cas ici – ou « sévère ».
« Alexeï Navalny a été transféré à l’endroit où il est censé se trouver par décision du tribunal. Aucune menace ne pèse sur sa vie ou sa santé, il effectuera sa sentence dans des conditions absolument normales », a affirmé le directeur de l’administration pénitentiaire, Alexandre Kalachnikov. Mais vendredi soir, plus de vingt-quatre heures après son transfert, ses proches et surtout son avocat ignoraient encore tout de l’endroit où se trouve l’opposant.
Décision polémique d’Amnesty
Si Alexeï Navalny a disparu des radars, c’est parce que la Russie, grand territoire, est parsemée de colonies pénitentiaires éloignées et que les prisonniers y sont envoyés en train. Ils sont parfois transportés pendant plusieurs jours dans des wagons Stolypine – du nom de premier ministre de l’empereur Nicolas II qui avait créé des voitures spéciales pour aider les paysans à déplacer leur bétail en Sibérie.
Plus d’un siècle plus tard, accrochés en queue des trains de voyageurs, ces wagons, toujours grillagés et sans fenêtre, servent à transporter des détenus. Sur place, s’il est traité comme tout prisonnier russe, Alexeï Navalny devra vivre dans un dortoir et sera amené à travailler contre rémunération. La corruption et la violence varient, elles, d’un site à l’autre.
En attendant de localiser leur chef de file, les proches de l’opposant tentent de combattre la campagne de dénigrement organisée par les médias d’Etat à son encontre. Il s’agit pour ces derniers de rappeler et d’exagérer le passé nationaliste de l’opposant. En tête du mouvement, la chaîne de télévision RT (anciennement Russia Today) semble avoir remporté une victoire notable cette semaine, en faisant grand tapage autour de la décision d’Amnesty International de retirer Alexeï Navalny de sa liste des prisonniers de conscience.
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