Publié le : 27/02/2021 – 00:46
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane n’a pas été sanctionné directement par les États-Unis malgré la publication, vendredi, d’un rapport des services de renseignement américains l’accusant d’avoir « validé » l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Sur France 24, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, a estimé que sans sanctions, Washington envoyait « un terrible message ».
Malgré la publication, vendredi 26 février, d’un rapport des services de renseignement américains pointant du doigt la responsabilité de Mohammed ben Salmane (MBS) dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, les États-Unis n’ont pas annoncé de sanctions contre le prince héritier saoudien.
Le gouvernement américain de Joe Biden veut « recalibrer » les relations avec l’Arabie saoudite mais ne veut pas de « rupture », a expliqué, peu après la publication du rapport accablant, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Le gouvernement américain a certes annoncé des sanctions financières contre le général Assiri et contre la Force d’intervention rapide, une unité d’élite chargée de la protection du prince, supervisée par Saoud al-Qahtani et présentée par Washington comme étant largement impliquée dans le meurtre.
Antony Blinken a, lui, interdit d’entrée aux États-Unis 76 Saoudiens, dans le cadre d’une nouvelle règle, baptisée « Khashoggi ban », ou « interdiction Khashoggi », visant toute personne accusée de s’attaquer, au nom des autorités de son pays, à des dissidents ou journalistes à l’étranger. Mais, bien que directement mis en cause, Mohammed ben Salmane ne fait pas partie des personnes sanctionnées.
« Les États-Unis n’imposent généralement pas de sanctions aux plus hauts dirigeants de pays avec lesquels ils entretiennent des relations diplomatiques », a justifié le département d’État.
Sanctions réclamées
Plusieurs élus démocrates ont déploré que les États-Unis n’aient pas puni directement le jeune dirigeant à la lumière de ces révélations. « J’espère qu’il s’agit seulement d’un premier pas, et que le gouvernement entend prendre des mesures concrètes pour que le prince héritier (…) rende personnellement des comptes pour ce crime odieux », a ainsi déclaré le président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Bob Menendez.
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, a aussi estimé que Washington devait sanctionner MBS. Interrogée sur France 24 vendredi soir, elle a estimé que « le poids de ce rapport doit se retrouver dans des sanctions » contre le prince héritier. Un rapport avec de telles conclusions, « sans sanctions, ça serait envoyer un terrible message. À la fois à l’Arabie saoudite et aux dictateurs à travers le monde », a-t-elle insisté.
« Le rapport parle pour lui-même », a estimé Antony Blinken. « La relation avec l’Arabie saoudite est importante, nous avons des intérêts mutuels importants. Nous restons déterminés à défendre le royaume », a-t-il ajouté. « Mais nous voulons nous assurer » que « la relation reflète mieux nos intérêts et nos valeurs », a-t-il poursuivi.
« Ce que nous avons fait avec les mesures que nous venons de prendre, c’est vraiment pour ne pas avoir de rupture dans les relations mais pour les recalibrer », a insisté Antony Blinken. « La relation avec l’Arabie saoudite dépasse les questions de personnes », a encore dit le ministre. « Ce recalibrage concerne les politiques et les actes de l’Arabie saoudite », a-t-il ajouté.
Joe Biden avait jugé, avant son élection en novembre, que le royaume du Golfe devait être traité comme un État « paria » pour cette affaire et que les responsables du meurtre devaient en « payer les conséquences ».
Mais devenu président, il a tenté de déminer le terrain en appelant jeudi le roi Salmane. S’il a mis l’accent sur « les droits humains universels », il a aussi adressé un satisfecit au monarque pour la récente libération de plusieurs prisonniers politiques. Et il a promis d’aider Ryad à se « défendre » face aux attaques de groupes pro-Iran.
Avec AFP
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