Maria Repnikova est chercheuse au Wilson Center, un think tank installé à Washington, et maîtresse de conférences à l’Université d’Etat de Géorgie (Etats-Unis). Cette politologue est spécialiste de la communication politique dans les Etats autoritaires.
Lorsque, le jour de son investiture, le 20 janvier, le président américain Joe Biden évoque le « triomphe de la démocratie », cela présage-t-il d’une nouvelle confrontation avec la Russie et la Chine ?
Je pense que Joe Biden voulait surtout dire que la démocratie a survécu à la crise [après l’invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier]. Il voulait rassurer les Américains et le reste du monde, tout en répondant indirectement aux critiques des adversaires selon lesquels le système américain a échoué, ou « implosé », ainsi que l’ont décrit des commentateurs chinois comme Hu Xijin [rédacteur en chef du quotidien nationaliste Global Times].
Washington entretient depuis longtemps des relations épineuses et compliquées avec Moscou et Pékin. Face à une Chine qui se positionne comme l’un des plus grands défis pour les Etats-Unis, nous sommes dans une continuité de ton avec l’administration précédente. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a ainsi confirmé que les actions de la Chine au Xinjiang relevaient d’un « génocide », selon le terme employé par [son prédécesseur] Mike Pompeo.
S’agissant de la Russie, en revanche, les Etats-Unis de Biden se montreront vraisemblablement plus combatifs, prêts à défendre l’OTAN et à accorder plus de soutien à l’Ukraine.
De nouvelles frictions et confrontations sont possibles sur plusieurs fronts. Les droits de l’homme figureront parmi les priorités des Etats-Unis dans les négociations avec la Chine et la Russie. Lors de leur premier échange téléphonique, Joe Biden a ainsi fait pression sur Vladimir Poutine après l’empoisonnement [en août 2020] et l’arrestation [en janvier 2021] de [l’opposant] Alexeï Navalny. La liberté politique en Russie ainsi que l’ingérence de Moscou dans les mouvements démocratiques des pays voisins, comme la Biélorussie, feront probablement partie de l’agenda des droits de l’homme de Biden.
Outre les droits de l’homme, sur quels domaines portera cette confrontation ? Le leadership international, le terrain militaire, la guerre commerciale ?
L’administration Biden devra faire face à toutes ces problématiques. Sur le front militaire, la Chine a déjà envoyé des avions de combat dans le détroit de Taïwan, comme une démonstration de force face aux Etats-Unis. Certains analystes prédisent que les tensions américano-chinoises à propos de Taïwan s’intensifieront à partir de cette année.
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