Dans son énumération de « la série de régressions considérables pour les droits de l’homme » constatées durant l’année écoulée, le ministre français des affaires étrangères a directement fait référence aux Ouïgours, la minorité turcique du Grand-Ouest chinois, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, mercredi 24 février : « De la région chinoise du Xinjiang nous parviennent des témoignages et des documents concordants qui font état de pratiques injustifiables à l’encontre des Ouïgours et d’un système de surveillance et de répression institutionnalisé à grande échelle », a déclaré Jean-Yves Le Drian par visioconférence.
#HRC46 | Intervention de @JY_LeDrian
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La mention du sort des Ouïgours par la diplomatie française n’est pas entièrement nouvelle, mais aucun mot n’avait été prononcé sur le sujet par le ministre en 2020. Surtout, elle intervient alors que la France, élue en octobre pour trois ans (2021-2023) au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, y côtoie… la Chine. Et, accessoirement, la Russie. La veille, Dominic Raab, le ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, avait ouvert le feu, en dénonçant des « abus extrêmes et étendus » au Xinjiang, qui « comprennent la torture, le travail forcé et la stérilisation forcée des femmes » et « ont lieu à une échelle industrielle ».
Lundi, le Parlement canadien a, lui, adopté à l’unanimité une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïgoure à « un génocide ». Selon les enquêtes d’ONG et de chercheurs, entre 1 et 3 millions de Ouïgours et Kazakhs subissent ou ont subi une forme d’internement forcé depuis 2016 dans des camps que la Chine présente comme des « centres de formation professionnelle ».
Discours de déni
La question ouïgoure est-elle en train de devenir incontournable dans les relations de l’Occident avec la Chine ? Pékin, dont l’élection au Conseil des droits de l’homme, en octobre 2020, a provoqué une onde de choc, fait tout pour préempter les critiques. Lors de son allocution, qui a eu lieu lundi 22 février, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, avait déroulé le discours de déni chinois : les « mesures de déradicalisation [au Xinjiang] ont été prises dans le respect de la loi », a-t-il dit, balayant les accusations de « génocide, de travail forcé et d’oppression religieuse », qualifiées d’« affirmations sensationnelles [qui] sont ancrées dans l’ignorance, les préjugés et un battage politique totalement calomnieux ».
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