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En Nouvelle-Zélande, un député maori tord le cou à la « cravate coloniale »

Le député et coprésident du Parti maori Rawiri Waititi, un hei-tiki traditionnel autour du cou, le 15 février 2021, à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Le député et coprésident du Parti maori Rawiri Waititi, un hei-tiki traditionnel autour du cou, le 15 février 2021, à Wellington, en Nouvelle-Zélande.

Tatouage tribal sur le visage, toujours coiffé d’un chapeau de cow-boy, hommage au surnom de ses ancêtres engagés dans le bataillon maori durant la seconde guerre mondiale, le député Rawiri Waititi n’est pas du genre à passer inaperçu. Encore moins dans l’hémicycle du Parlement ­néo-zélandais. « Vous savez ce que ça fait d’avoir un caillou dans votre chaussure ? Ce sera mon travail ici », a-t-il lancé, d’­emblée, à ses pairs lors de sa première intervention, le 3 décembre 2020, peu après son élection. Promesse tenue.

Il a suffi d’une poignée de séances pour que, le 10 février, le coprésident du Parti maori obtienne l’abandon d’un ­règlement interne datant de l’époque coloniale britannique : le port obligatoire de la cravate pour les hommes. Le problème « n’a rien à voir avec la cravate occidentale. Ce dont il est ­question, c’est du droit des Maoris à être maoris, que ce soit au Parlement ou dans un pub (…). Je ne m’inclinerai jamais devant le pouvoir blanc. Je n’abandonnerai jamais ma culture », avait-il tonné, la veille, dans une tribune publiée par le New Zealand Herald, le grand quotidien du pays. Le député n’a en effet rien cédé.

Un pendentif symbolisant la ­fertilité

Il a donc d’abord bruyamment ouvert le débat lors de son ­premier discours devant une chambre déjà surprise de le voir prendre la parole sans ôter son couvre-chef. Alors qu’il s’apprêtait à conclure, Rawiri Waititi a saisi sa cravate et fait mine de se pendre avec. « Enlevez cette corde autour de mon cou pour que je puisse chanter ma chanson », clame-t-il en citant le chef Mokomoko – un Maori exécuté, à tort, par les Britanniques pour meurtre en 1866.

Rawiri Waititi se ­débarrasse alors du « nœud colonial » pour le remplacer par un hei-tiki, un pendentif de forme humanoïde symbolisant la ­fertilité, transmis de génération en génération et considéré comme un trésor par la communauté maorie. Le ton est donné.

Le président de la Chambre des représentants, le débonnaire Trevor Mallard, qui considère lui-même la cravate comme « dépassée », accepte d’ouvrir la discussion et profite des vacances pour consulter les élus. Sans grand succès. Face à une majorité d’avis négatifs, il renonce à modifier le règlement et prévient le député maori qu’il devra adopter la « tenue correcte exigée », faute de quoi il sera expulsé.

Mais Waititi n’en démord pas. Selon lui, le hei-tiki est la cravate maorie. Il préfère prendre la porte plutôt que de s’incliner face à une règle qui « réprime les droits » de son peuple. C’est ce qu’il ­fait dès la rentrée parlementaire, le 9 février, quand Trevor Mallard finit par lui demander de quitter l’Hémicycle. Pas pour longtemps. Dès le lendemain, un comité interne décide de modifier le règlement.

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