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En Arménie, des milliers de manifestants demandent la démission du premier ministre

Des manifestants défilent pour demander la démission du premier ministre arménien, à Erevan, le 26 février. Des manifestants défilent pour demander la démission du premier ministre arménien, à Erevan, le 26 février.

Pour le deuxième jour d’affilée, plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi 26 février en Arménie afin d’obtenir la démission du premier ministre, Nikol Pachinian.

La crise politique qui couvait depuis l’humiliante défaite de novembre au Haut-Karabakh face à l’ennemi juré, l’Azerbaïdjan, a connu jeudi un spectaculaire rebondissement avec l’appel de l’état-major à la démission de M. Pachinian. Ce dernier a dénoncé une tentative de coup d’Etat et réuni quelque 20 000 de ses partisans dans la capitale, Erevan.

L’opposition, en retour, a organisé une manifestation d’au moins 10 000 personnes, érigeant des barricades, installant des tentes, bloquant les rues entourant le Parlement et promettant d’y rester jusqu’au départ du premier ministre. Après avoir campé pendant la nuit, les opposants ont encore défilé vendredi dans le centre d’Erevan, agitant des drapeaux arméniens et scandant des slogans contre le pouvoir.

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« Le peuple doit descendre dans la rue et exprimer sa volonté pour qu’on évite un bain de sang et la crise », a lancé l’ex-premier ministre Vazgen Manoukian, que l’opposition aimerait revoir à la tête du gouvernement.

Dans le cortège, où la colère était palpable, Grigor Airapetian, un retraité de 68 ans, estimait que « le temps de Nikol est terminé ». « Tellement de jeunes gens ont été tués, nous avons subi une défaite militaire et la souveraineté du pays a été affaiblie », a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse (AFP). « Qui respectera un pays dont le dirigeant a capitulé à l’arraché et a été humilié publiquement par [le président azerbaïdjanais] Aliev ? » s’est demandé Astghik Manoukian, une manifestante de 32 ans.

Les protestataires se sont rendus devant le siège de la présidence puis la résidence du premier ministre dans la capitale arménienne. A 19 h 30 (16 h 30, heure française), plus de 2 000 d’entre eux étaient toujours réunis devant le Parlement, certains prêts à y passer une seconde nuit.

Guerre avec l’Azerbaïdjan

Si Nikol Pachinian s’est dit prêt à entamer des « consultations » avec l’opposition pour apaiser les tensions, il a aussi menacé d’arrêter tous ceux qui violeraient la loi. Une figure du parti d’opposition Fédération révolutionnaire arménienne, Guegham Manoukian, a pour sa part insisté vendredi sur le fait qu’il ne parlerait avec Nikol Pachinian que de sa « démission ». Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a lui appelé vendredi les partisans de M. Pachinian et de l’opposition au « dialogue » pour préserver la « démocratie ».

Le premier ministre arménien, arrivé au pouvoir en 2018 à la faveur d’une révolution pacifique, est visé par des appels à la démission depuis la défaite dans la guerre menée pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, en novembre dernier.

A l’époque, confrontée au risque d’une débâcle, l’armée avait demandé au chef du gouvernement d’accepter un cessez-le-feu négocié par le président russe Vladimir Poutine et qui impliquait d’importantes pertes territoriales pour Erevan. Si l’essentiel de la région séparatiste arménienne du Haut-Karabakh a survécu, l’Arménie a perdu la ville symbolique de Choucha, ainsi qu’un glacis de territoires azerbaïdjanais entourant la région. En six semaines, la guerre a fait quelque 6 000 morts.

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L’armée soutenait jusqu’à présent le premier ministre mais l’a lâché cette semaine après le limogeage d’un haut gradé ayant critiqué les déclarations de M. Pachinian selon lesquelles la défaite était en partie due à l’inefficacité d’un système d’armement russe, les lance-missiles Iskander.

L’état-major arménien a alors réclamé la démission de M. Pachinian, jugeant qu’il n’était « plus en mesure de prendre les décisions qui s’imposent » et l’accusant « d’attaques destinées à discréditer les forces armées ». Cette déclaration n’a toutefois été suivie d’aucun mouvement de troupes pour le moment.

Le Monde avec AFP

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