LETTRE DE PÉKIN
Quand ils s’aventurent dans les alentours de Zhangjiakou, ville du Hebei située à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Pékin, les visiteurs doivent parfois rebrousser chemin.
A moins d’un an de l’ouverture prévue des Jeux olympiques d’hiver 2022, certains lieux où se dérouleront les épreuves sont actuellement réservés aux entraînements des sportifs chinois. Les skieurs amateurs doivent donc se rabattre sur d’autres pistes. Avec Pékin et Yanqing, Zhangjiakou est, en effet, l’un des trois sites qui accueilleront les JO du 4 au 20 février 2022.
Sur place, le compte à rebours a commencé. Xi Jinping y a effectué sa quatrième tournée d’inspection, les 18 et 19 janvier. Les Jeux doivent être « verts, inclusifs, ouverts et propres », a déclaré le président chinois. « Aussi purs et propres que la neige et la glace », a-t-il précisé. Une image audacieuse. Dans ces contrées, la neige tombe rarement du ciel.
Dimanche 21 février, la température au pied des pistes flirtait avec les 15 °C. Dans le Hebei, où les sommets ne dépassent pas 2 100 mètres, seules les pistes sont actuellement recouvertes d’un tapis blanc. Un miracle que ce haut lieu du catholicisme chinois doit aux canons à neige, sans lesquels aucune compétition ne serait envisageable. Au-delà du développement économique régional, l’objectif de Pékin, en organisant ces Jeux d’hiver, est de faire de la Chine « une puissance sportive mondiale » en 2035.
Sport d’élite
Pour l’instant, le ski reste réservé à une élite. Au Genting Snow Park, là où sera situé le centre de presse des Jeux, les dix minutes de télécabine pour grimper au sommet coûtent plus cher (100 yuans, environ 13 euros) que le billet de train à grande vitesse Pékin-Zhangjiakou (environ 75 yuans). A 750 yuans (environ 95 euros) les deux heures, les cours particuliers de ski sont hors de portée de l’immense majorité des Chinois.
Selon un Livre blanc publié en mars 2020 par Laurent Vanat Consulting, un expert suisse du secteur, « même si, globalement, le marché du ski [en Chine] progresse continuellement, le taux de croissance des données fondamentales décline substantiellement sur les cinq dernières années, tant du côté de l’offre que de la demande ».
Le nombre de stations a progressé de 13,3 % en 2016, 8,82 % en 2017, 5,5 % en 2018 et 3,77 % en 2019. Certes, il y avait alors 770 stations, mais « seules » 155 étaient équipées de remontées mécaniques. L’évolution du nombre de skieurs est parallèle. Après avoir bondi de 20 % en 2016, la progression n’est plus que de 16 % en 2017, 12 % en 2018 et 8 % en 2019, pour atteindre tout juste 20 millions.
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