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« Les Militants du djihad » : les visages du djihadisme européen

« Les Militants du djihad. Portrait d’une génération », d’Hakim El Karoui et Benjamin Hodayé, Fayard, 336 pages., 22 euros. « Les Militants du djihad. Portrait d’une génération », d’Hakim El Karoui et Benjamin Hodayé, Fayard, 336 pages., 22 euros.

Livre. Quel est le profil type du djihadiste européen de ces dix dernières années ? Plutôt masculin, assez jeune, voire très quand il s’agit des femmes, issu de l’immigration mais plutôt de deuxième génération, socialement précaire et habitant les quartiers défavorisés des centres urbains. C’est le tableau statistique dressé par Hakim El Karoui et Benjamin Hodayé, qui ont travaillé sur les données de plus de 1 400 individus de quatre pays d’Europe de l’Ouest (Français pour moitié, les autres étant répartis entre le Royaume-Uni, la Belgique et l’Allemagne) durant ces dix dernières années.

Ce travail, mené sous l’égide de l’Institut Montaigne, a donné lieu à un volumineux ouvrage, Les Militants du djihad. Portrait d’une génération, qui, malgré l’aridité de la matière et des chiffres, se révèle passionnant. Les nombreux exemples de parcours cités donnent chair à la profusion de statistiques. L’on y découvre ainsi que le Royaume-Uni se distingue par le niveau d’études plus élevé que la moyenne de « ses » djihadistes, contrairement à la France ou à la Belgique.

Adhésion à une conception extrême de l’islam

Il reste que les facteurs sociologiques (niveau d’études, pauvreté, habitat) ou personnels (addiction, parcours familial, troubles mentaux) ne sont pas déterminants pour les auteurs. Ils sont une toile de fond plus ou moins favorable à la perméabilité des idées et à la tentation du passage à l’acte violent. Ce qui compte, pour El Karoui et Hodayé, c’est avant tout l’adhésion à une conception et une pratique extrêmes de l’islam. Une pratique très proche, voire issue du salafisme. Les auteurs voient une continuité entre ces deux formes d’islamisme : « Le salafisme souhaite se séparer de cette dernière [la société mécréante], et le djihadisme projette de mettre en œuvre sa destruction. »

Dans la grande « dispute » entre les thèses de Gilles Kepel (« la violence de l’islamisation » : le ferment de la radicalité est dans la religion elle-même) et Olivier Roy (« l’islamisation de la violence » : la religion n’est que l’oripeau d’un désir de violence préexistant), Karoui et Hodayé penchent du côté de Kepel. Ils insistent sur la force d’attraction de l’idéologie djihadiste, mais prennent soin de distinguer radicalisés et djihadistes, violents et non-violents.

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La comparaison des formes de la sociabilité djihadiste et de constitution de réseaux est un bon exemple du caractère riche, fin et étayé de ce travail. Chaque pays a sa spécificité : la structuration communautaire au Royaume-Uni, l’identité européenne en Belgique, la prégnance du salafisme en Allemagne et, en France, l’importance des solidarités de quartier et de la transmission intergénérationnelle.

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