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« En décidant de ne pas reconfiner le pays, Emmanuel Macron a renoué avec la politique au sens fort »

Tribune. Après une effroyable année de crise liée au Covid, couronnée par la chute du gouvernement de Giuseppe Conte, c’est à Mario Draghi qu’il revient de présider le gouvernement italien. Il fut en 2012 [alors qu’il présidait la Banque centrale européenne], comme on sait, l’auteur de la phrase-clé du sauvetage de l’euro lors de la crise des dettes européennes : « We are ready to do whatever it takes. »

Chacun se souvient que c’est par la traduction de cette phrase en français qu’Emmanuel Macron a établi et révélé sa doctrine de gestion de la crise du Covid : « La santé n’a pas de prix (…), le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires (…) quoi qu’il en coûte » (12 mars 2020). C’était il y a presque un an et, puisque l’auteur initial du mantra du « quoi qu’il en coûte » fait son retour au plus haut niveau politique en Italie, il est temps de tirer un bilan.

Face à la masse financière prête à parier sur la chute de l’euro, un banquier central dispose de capacités illimitées, et donc, ce qu’on nomme en politique monétaire moderne, d’un « bazooka ». C’était le sens du « quoi qu’il en coûte » de 2012. D’ailleurs Draghi, après avoir proféré cette menace à l’égard des marchés, a ajouté : « Croyez-moi, cela sera suffisant. »

Enorme surprise

En mettant ainsi en garde les marchés, Mario Draghi avait été dans son rôle de banquier central. C’est-à-dire qu’il était précisément dans un rôle absolument apolitique. Il ne se posait pas la question de savoir si la Grèce avait fauté ou même l’Italie ou ces pays que les Britanniques appelaient affectueusement les PIGS (acronyme anglais pour Portugal, Italie, Grèce et Espagne [Spain en anglais]). Ce n’était pas son enjeu. Il laissait la politique aux gouvernements et agissait purement et simplement au nom de la monnaie.

Le bazooka du « quoi qu’il en coûte », mis au service d’un objectif unique – « la santé n’a pas de prix » – est apparu pour ce qu’il est : une négation de la politique

Au début de la crise du Covid, l’énorme surprise fut de voir ce mantra du « quoi qu’il en coûte » repris non pas par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale (BCE), mais par Emmanuel Macron. Le 12 mars 2020, Christine Lagarde a commis, de l’avis général, une imprudence en renvoyant aux Etats l’essentiel de la réponse économique à la crise. Elle avait alors agi en politique et non en banquier central : les marchés avaient continué de paniquer.

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