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Afrique du Sud : Patrice Motsepe, le candidat surprise pour prendre la tête du football africain

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Le Sud-Africain Patrice Motsepe, candidat à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), à Johannesburg, le 25 février 2021. Le Sud-Africain Patrice Motsepe, candidat à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), à Johannesburg, le 25 février 2021.

On peut avoir réussi dans les affaires, être la troisième fortune sud-africaine avec un patrimoine estimé, selon le magazine américain Forbes, à 2,15 milliards d’euros, présider un club prestigieux (le Mamelodi Sundowns) et souffrir d’un réel manque de notoriété. Quand en novembre 2020, Patrice Motsepe, 59 ans, a annoncé sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), qui doit être tranchée le 12 mars à Rabat, parmi les acteurs ou observateurs du football africain, beaucoup ont eu cette première réaction : « Patrice qui ? »

« Cela en dit long sur le côté inattendu de sa candidature. Personne ne l’avait vu venir. Il faut vraiment s’intéresser de très près à l’économie sud-africaine, et notamment au secteur minier, et à la composition du comité directeur de Mamelodi Sundowns pour savoir qui il est », résume un dirigeant d’une fédération africaine.

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Patrice Motsepe est un inconnu comparé à ses trois challengers, le Sénégalais Augustin Senghor, l’Ivoirien Jacques Anouma et le Mauritanien Ahmed Yahya, tous d’anciens ou actuels présidents des fédérations de leurs pays. Il faut dire que le Sud-Africain ne fait pas grand-chose pour combler ce déficit d’image.

En novembre 2020, il a laissé à un autre le soin d’annoncer sa candidature : c’est Danny Jordaan, le président de la Fédération sud-africaine de football (SAFA) qui s’en est chargé, tandis que lui-même s’était mis à l’isolement, pensant avoir attrapé le Covid-19. Il n’a accordé aucune interview depuis qu’il nourrit l’ambition de diriger la CAF et a attendu le 25 février pour dévoiler son programme.

Dans un prestigieux cabinet d’avocats

Cette faible exposition médiatique ne l’empêche pas de sillonner l’Afrique en jet privé pour rencontrer les présidents de fédérations, les mêmes qui voteront le 12 mars à Rabat. « Quand il est venu au Cameroun à l’occasion du dernier Championnat d’Afrique des nations [CHAN], beaucoup d’entre eux ne savaient pas qui il était », rapporte un journaliste français présent à Yaoundé.

Le milliardaire sud-africain cultive une certaine discrétion, malgré une incontestable réussite. Patrice Motsepe a vu le jour à Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, mais il ne vient pas d’un milieu défavorisé. Ses parents, commerçants dans ce township, jouissent d’une relative aisance financière qui lui permet d’étudier l’art, puis le droit minier et des affaires à l’université du Witwatersrand.

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Ce cursus lui ouvre les portes d’un prestigieux cabinet d’avocats, Bowman Gilfillan, en 1988, dont il devient le premier associé noir. La fin de l’apartheid, en juin 1991, précipite son ascension sociale. Il fonde en 1994 Future Minning puis, trois ans plus tard, African Rainbow Minerals Gold Limited, une société spécialisée dans l’extraction du cobalt, du fer, du cuivre ou encore du charbon.

Sa nouvelle fortune lui permet de s’offrir un club de football. Et pas n’importe lequel. En 2004, il achète Mamelodi Sundows, un club de Pretoria dont le palmarès s’est enrichi notamment d’une Ligue des champions en 2016, d’une Supercoupe de la CAF en 2017 et de sept titres de champion d’Afrique du Sud.

Des doutes sur la fiabilité de ces engagements

Patrice Motsepe dispose aussi de solides connexions avec le milieu politique – même s’il s’en tient ostensiblement à l’écart – puisque deux de ses sœurs, Tshepo et Bridgette, sont mariées respectivement à Cyril Ramaphosa, l’actuel chef de l’Etat, et à Jeff Radebe, membre du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir.

Pour sa candidature, le président de Mamelodi Sundowns, s’il attend toujours le soutien officiel du président de la République, a en revanche obtenu celui des fédérations du Nigeria, du Botswana et de la Sierra Leone, ainsi que des quatorze fédérations d’Afrique australe, regroupées au sein de la Cosafa.

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Mais, en coulisses, nombreux doutent de la fiabilité totale de ces engagements. Il a également rendu visite en décembre à Jacques Anouma à Abidjan. « Je ne le connaissais pas, nous avons discuté développement du football en Afrique », confirme l’Ivoirien. Cette rencontre n’a abouti à aucun accord entre les deux hommes, alors que la rumeur prête au milliardaire une tentative de rapprochement en vue de l’élection.

Beaucoup présentent Patrice Motsepe comme le « candidat » de Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), qui semble parier sur les qualités de bon gestionnaire du businessman sud-africain. Pourtant, d’autres s’interrogent précisément sur la capacité du Sud-Africain à s’occuper au jour le jour du football africain.

« Je l’ai rencontré lors du CHAN, c’est un homme qui connaît le foot, intervient Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien de but de l’équipe du Cameroun. Mais je ne vois pas comment il pourrait gérer la CAF au quotidien, car il a ses affaires à mener. Or, il n’a jamais souhaité diriger la fédération sud-africaine, sans doute parce qu’il n’en aurait pas eu le temps. La CAF a besoin d’un président à plein temps, et avec lui, ce ne serait sûrement pas le cas. »

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