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Pour le tribunal de la paix, 6 402 civils ont été assassinés par l’armée colombienne entre 2002 et 2008

Des manifestants dénoncent l’assassinat de civils par l’armée colombienne entre 2002 et 2008, devant le tribunal pour la paix à Bogota, en février 2020. Des manifestants dénoncent l’assassinat de civils par l’armée colombienne entre 2002 et 2008, devant le tribunal pour la paix à Bogota, en février 2020.

Vendredi 19 février, le commandant en chef des forces armées colombiennes, le général Eduardo Zapateiro tweete : « Nous ne nous laisserons pas vaincre par les vipères vénéneuses et perverses qui veulent nous attaquer ». La veille, les magistrats du tribunal pour la paix ont rendu un premier rapport concernant les personnes « illégitimement présentées comme tuées au combat par des agents de l’Etat ». Le document affirme que 6 402 civils ont été assassinés par les forces armées du pays entre 2002 et 2008. La juridiction spéciale évoque un « phénomène macrocriminel ». Le chiffre a fait l’effet d’une bombe.

Les « faux positifs » – c’est le nom donné à ces assassinats de civils par des militaires soucieux de faire du chiffre –, constituent « l’abomination la plus absolue, la honte la plus grande pour un Etat », selon le défenseur des droits de l’homme, Rodrigo Uprimny.

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Selon le tribunal pour la paix, 78 % des « faux positifs » commis pendant le conflit armé l’ont été entre 2002 et 2008, lorsque Alvaro Uribe était au pouvoir (2002-2010). Et le quart des crimes ont été perpétrés dans le département d’Antioquia – situé dans le nord-ouest du pays, sa capitale est Medellin – dont M. Uribe a été gouverneur avant de devenir président.

M. Uribe qui est aujourd’hui sénateur et reste le chef de la droite dure a dénoncé dans un communiqué un rapport « biaisé » qui cherche à « discréditer [sa] personne ». La haut-commissaire pour les droits de l’homme des Nations unies (ONU), Michèle Bachelet, a célébré, elle, le travail de la juridiction spéciale qui « représente une grande avancée dans la lutte contre l’impunité en Colombie ».

Des centaines de témoignages

Créé par l’accord de paix de 2016, le tribunal pour la paix a vocation à faire la lumière sur les crimes de guerre commis pendant un demi-siècle de conflit armé et à juger leurs auteurs, qu’ils soient ex-guérilleros, militaires, fonctionnaires ou civils.

M. Uribe accuse la juridiction de faire le jeu de l’ancienne guérilla marxiste (FARC). En janvier, le haut tribunal inculpait pourtant huit anciens chefs guérilleros pour crimes contre l’humanité, en raison des quelque 21 000 enlèvements commis par leur organisation.

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Le scandale des « faux positifs » n’est pas nouveau : il a éclaté en 2008, lorsqu’un fonctionnaire de la banlieue de Bogota a daigné écouter les témoignages de mères de familles éplorées. Mais le chiffre – encore provisoire – de 6 402 cas donné par la juridiction spéciale dépasse toutes les estimations passées.

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